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Mycotoxines dans les compléments alimentaires issus des plantes : un risque pour les consommateurs

Les plantes sont couramment employées dans la formulation de compléments alimentaires du fait de certains bénéfices santé qui leurs sont associés. Sur le plan réglementaire, l’usage des plantes dans les compléments alimentaires n’est pas harmonisé au niveau européen. Des études ont mis en avant une contamination de certains compléments alimentaires à base de plantes par des mycotoxines et posent la question du réel bénéfice risque de ces compléments ?

Des conditions de culture, récolte ou stockage des plantes non optimales peuvent entraîner le développement de champignons à l’origine de la production de mycotoxines qui peuvent alors se retrouver comme contaminants des préparations ou extraits végétaux utilisés.

Le but de cette étude était d’évaluer la contamination de compléments alimentaires à base de plantes par des mycotoxines (analyse de 57 mycotoxines).

Près de 70 échantillons de produits ont été collectés sur des marchés de détail tchèques et américains. Les compléments alimentaires évalués étaient divisés en trois catégories selon l’effet-santé revendiqué :

– maintien de la fonction hépatique (à base de chardon Marie; n=32);

– diminution des effets néfastes liés à la ménopause (à base de trèfle rouge, graines de lin et soja; n=9);

– amélioration de la santé en général : immunité, vitalité, système cardiovasculaire…         (à base d’orge vert, ortie, baies de goji, yucca, etc. ; n=28).

Parmi l’ensemble des produits analysés, 96% contenaient des mycotoxines. Les principales mycotoxines retrouvées étaient les mycotoxines de type Fusarium (déoxynivalénol (DON), toxines HT-2/T-2, zéaralénone (ZEN), et enniatines (ENNs)), les mycotoxines de type Alternaria et l’acide mycophénolique (MPA).

Les compléments alimentaires à base de chardon Marie (revendiquant le maintien de la fonction hépatique) étaient les plus contaminés. Sur les 32 échantillons analysés, tous contenaient au minimum une mycotoxine et 58% d’entre eux contenaient un “cocktail” de plus de 12 mycotoxines. La majorité des échantillons contenaient les mycotoxines DON, ZEN, HT-2 et T-2. Les concentrations moyennes en certaines mycotoxines atteignaient des mg/kg de produit.

Tous les compléments alimentaires phytoestrogéniques (revendiquant une diminution des effets néfastes liés à la menopause) étaient également contaminés par au minimum une mycotoxine et un tiers des échantillons contenait un cocktail de 8 à 11 mycotoxines, avec des concentrations moyennes de l’ordre de 10 à 100 µg/ kg de produit.

Parmi les autres compléments alimentaires dosés (relatifs à l’amélioration de la santé en général), un faible nombre contenait plusieurs mycotoxines.

Des Doses Journalières Tolérables (DJT) exprimées en en µg/ kg de poids corporel sont fixées par la Direction Générale pour la Santé et la Protection des Consommateurs de la Commission Européenne pour certaines mycotoxines et notamment le seuil maximum de 0,1 µg/ kg de poids corporel pour la somme des toxines HT-2 et T-2. Or, d’après cette étude, selon les recommandations de consommation indiquées par les fabricants, certains compléments alimentaires pouvaient atteindre jusqu’à 75% de la DJT pour les mycotoxines HT-2 et T-2.

La question qui se pose aujourd’hui est de savoir si la présence de mycotoxines dans les compléments alimentaires à base de plantes présente un danger pour la santé humaine. L’impact toxicologique de nombreuses mycotoxines, et qui plus est de cocktails de mycotoxines, est à ce jour encore inconnu. Néanmoins, une communication devrait d’ores et déjà être portée auprès des fabricants de compléments alimentaires concernant les risques relatifs dus à l’emploi de matières premières de mauvaise qualité quant à une probable contamination en mycotoxines.

Source : Mycotoxins in Plant-Based Dietary Supplements: Hidden Health Risk for Consumers. Veprikova Z. et al. J Agric Food Chem. 2015 Jul 29;63(29):6633-43

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