Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, un milliard de personnes dans le monde souffrirait d’hypertension, facteur de risque de maladies cardio-vasculaires et d’accidents vasculaires cérébraux. Toutes les stratégies, en particulier nutritionnelles, permettant d’abaisser la pression artérielle présentent donc un intérêt. La présente étude évalue les bénéfices potentiels d’une combinaison de phytonutriments chez des sujets hypertendus.
De nombreuses études ont mis en évidence des effets potentiellement bénéfiques de polyphénols isolés sur la réduction de la pression sanguine. La présente étude teste l’hypothèse que l’association de différents polyphénols pourrait être plus efficace.
Vingt-neuf participants (âge moyen 44 ans) présentant au moins trois critères relatifs au syndrome métabolique dont l’hypertension (pression systolique >=130 mm Hg ou diastolique >= 85 mm Hg) ont été recrutés entre Mars 2010 et Juin 2011. L’étude menée en double aveugle et en cross over consistait en une supplémentation quotidienne par deux gélules contenant chacune une association d’extraits de pépins et de peaux de raisin (165 mg), de thé vert (50 mg), de ginkgo biloba et de myrtille (5 mg) ainsi que du resvératrol (25 mg) et de la quercétine (25 mg). Le traitement a été testé face à un placebo (amidon de maïs) durant deux phases de 28 jours, séparées de deux semaines. Différents paramètres ont été évalués : mesures de la pression sanguine en début et fin de chaque phase de test, mesures de l’activité de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (ACE), concentrations en nitrites et nitrates dans les urines et concentrations en marqueurs de l’inflammation (Interleukine-8, protéine C-réactive). En parallèle, des cellules endothéliales humaines de l’aorte (HAECs) ont également été traitées in vitro avec la combinaison de polyphénols utilisée chez les volontaires au cours de l’étude clinique.
Aucune différence significative n’a été constatée sur les différents paramètres étudiés avec le placebo. La supplémentation en polyphénols a en revanche induit une diminution significative de la pression diastolique de 4,4 mm Hg (P = 0,024) au cours des 4 semaines de suivi. Une augmentation significative de la concentration en nitrites et nitrates a été constatée au sein du bras supplémenté en polyphénols (P = 0,022). La supplémentation en polyphénols n’a pas modifié les marqueurs de l’inflammation.
In vitro, après stimulation à l’insuline, il a été observé une augmentation significative de la production d’oxydes nitriques (NO) (P<0,001), et une augmentation de la phosphorylation de la NO synthase endothéliale (e-NOS) (P = 0,005) dans les cellules HAECs traitées aux polyphénols.
L’utilisation d’une combinaison de polyphénols permet dans cette étude de diminuer légèrement la pression diastolique chez des sujets hypertendus et atteints de syndrome métabolique. Le traitement n’affecte pas la pression systolique. Les tests in vitro suggèrent que l’effet bénéfique passerait par une activation de la NO synthase endothéliale. Il pourrait être intéressant de poursuivre ces essais à plus grande échelle pour confirmer l’efficacité des combinaisons de polyphénols dans le contrôle de la pression sanguine. Toutefois, le statut des extraits de plantes n’est à ce jour toujours pas fixé réglementairement en Europe.
Source : A combination of isolated phytochemicals and botanical extracts lowers diastolic blood pressure in a randomized controlled trial of hypertensive subjects. Biesinger S et al. Eur J Clin Nutr. 2015 Jun 10.