Dans le contexte actuel de l’augmentation du taux d’obésité aux Etats-Unis, de nombreux individus ont remplacé leur consommation de sucre par des édulcorants artificiels non caloriques dans un objectif de maintien ou de perte de poids. Cependant, un certain nombre d’études récentes ont suggéré que l’utilisation d’édulcorants artificiels pouvait entraîner un gain de poids corporel et altérer le profil métabolique. Une étude a évalué l’effet de la consommation chronique d’édulcorants artificiels pendant la grossesse sur le comportement alimentaire et le métabolisme de rats à l’âge adulte.
Dans cette étude, 16 rates femelles Wistar adultes ont été réparties en 4 groupes selon le type de boisson : contrôle (eau), sucre (45 g/L), saccharine (1,35 g/L) et aspartame (2 g/L). Les femelles ont ensuite été mises en présence de mâles pour engendrer une gestation, durant laquelle elles ont reçu le même traitement jusqu’à la naissance des petits. Dès la naissance et ce jusqu’à la fin de l’étude, l’ensemble des animaux (mères + petits) avaient libre accès à l’alimentation et aux boissons. A 21 jours, la progéniture était séparée de leur mère. A 60 jours, des céréales pour petit-déjeuner sucrées étaient mises à la disposition des animaux en plus de leur alimentation classique. Le comportement alimentaire et l’anxiété étaient ensuite évalués à 70, 73 et 110 jours. Au 112ème jour d’étude, les animaux étaient sacrifiés afin de pouvoir procéder à des analyses sanguines et l’évaluation de la masse grasse.
Cette étude a mis en évidence que les mâles et femelles dont la mère avait consommé de l’aspartame durant la gestation, consommaient significativement plus de céréales sucrées à l’âge adulte que tous les autres groupes (p<0,001). Une différence significative du gain de poids était également constaté chez les mâles de mères ayant consommé de l’aspartame, par rapport à l’ensemble des autres groupes. Il n’y avait cependant pas de différences significatives au niveau du poids de la masse grasse gonadale, rétropéritonéale et abdominale des animaux. Les mâles et femelles de mères ayant consommé de l’aspartame ou du sucre présentaient en revanche un taux significativement plus important de cholestérol total et LDL par rapport à ceux du groupe contrôle (p< ou = 0,001). Pour les mâles uniquement, les taux de triglycérides plasmatiques étaient également significativement plus importants (p<0,001).
En conclusion, cette étude soutient l’idée que les petits de rates ayant consommé d’importantes quantités d’aspartame pendant la grossesse pourraient présenter une appétence plus importante pour des produits sucrés, un gain de poids plus important et un bilan lipidique plus défavorable à l’âge adulte contrairement à ceux du groupe contrôle. Cette étude est une des premières à indiquer un possible effet délétère de la consommation d’édulcorants artificiels au cours de la gestation. D’autres études sont néanmoins nécessaires pour confirmer et élucider les mécanismes impliqués dans le développement de ces effets.
Source : Metabolic and feeding behavoir alterations provoked by prenatal exposure to aspartame. Von Poser Toigo E. et al. Appetite. 2014 Dec 24;87C:168-174