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Consommation d’aliments « bio » et incidence du cancer d’après une étude prospective au Royaume-Uni

La principale raison pour laquelle les consommateurs achètent des produits «Bio» tient au fait qu’ils seraient meilleurs pour la santé. Une étude menée au Royaume-Uni indique que la consommation d’aliments «Bio» n’aurait pas d’effets bénéfiques sur le risque de cancer chez les femmes.

Avec des degrés de certitude variables, le rôle de certains aliments ou de comportements individuels (diversité alimentaire, pratique d’une activité physique, tabagisme…) est clairement mis en évidence dans l’initiation ou le développement de cancers.

Menée au Royaume-Uni auprès de 623 080 femmes (âge moyen : 59 ans), cette étude prospective a évalué l’association entre alimentation “Bio” et risque de cancer. La consommation de produits «Bio» était évaluée de manière déclarative. A la question Consommez-vous des aliments «Bio» ?, les femmes pouvaient choisir parmi 4 réponses : Jamais – Parfois – Souvent – Toujours. Concernant l’incidence de cancer pendant la période de suivi, le risque global mais également individuel pour 16 cancers spécifiques tels que le cancer du sein ou le lymphome non hodgkinien (LNH) étaient évalués.

Après 3 ans d’étude, 30% des femmes (n=187 451) déclaraient ne consommer jamais d’aliments «Bio», 63% (n=390 040) parfois et 7% (n=45 589) souvent ou toujours. Après 9,3 années de suivi, 53 769 cas de cancers étaient rapportés. Ni le risque global de cancer ni le risque des 16 cancers spécifiques étudiés n’était diminué chez les femmes qui consommaient souvent ou toujours des aliments «Bio», en comparaison à celles qui n’en consommaient jamais. En revanche, la consommation d’aliments «Bio» était associée à une diminution de 21 % du risque de LNH (RR=0,79; IC95: 0,65-0,96). Bien que les analyses aient été ajustées pour les principaux facteurs confondants associés au risque de cancer (tabagisme, activité physique, consommation de viande rouge, etc.), d’autres études sont nécessaires pour établir une relation possible entre la consommation d’aliments «Bio» et le risque diminué de ce cancer. Des marqueurs sanguins de l’exposition aux pesticides pourraient notamment être examinés. De plus, il serait intéressant d’affiner la définition d’aliments «Bio» en catégorisant les aliments consommés en légumes, fruits, viandes, fromages «Bio»…

L’exposition aux pesticides est strictement réglementée en Europe pour que les niveaux de contaminants présents dans les aliments ne soient pas défavorables à la santé. En 2010, moins de 3 % des échantillons analysés dans le cadre du plan de surveillance des résidus de pesticides mené au Royaume-Uni dépassaient les limites maximales de résidus autorisées (The 2010 European Union Report on Pesticide Residues in Food, EFSA 2013). Bien que l’alimentation soit la principale source d’exposition aux pesticides, d’autres voies d’exposition doivent être prises en compte dans l’évaluation du risque (usage agricole ou domestique). L’exposition aux pesticides, caractérisée par de faibles doses répétées dans le temps, justifie également le fait d’évaluer l’impact de cette exposition à plus long terme sur la santé.

Source : Organic food consumption and the incidence of cancer in a large prospective study of women in the United Kingdom. Balkwill A et al. British Journal of Cancer;110:2321-6.

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