En contradiction avec des résultats antérieurs, une étude de cohorte suggère que des apports en glucides et des charges glycémiques élevées auraient un effet protecteur contre le développement du cancer de l’endomètre.
Le cancer de l’endomètre est le sixième cancer le plus fréquent chez les femmes dans le monde. Le risque augmente avec l’âge, la plupart des cas étant diagnostiqués après la ménopause. Menée sur 36 115 participants de la cohorte américaine “Prostate, Lung, Colorectal and Ovarian Cancer Screening Trial” (Etude PLCO), cette étude prospective avait pour objectif d’évaluer l’association entre apport en glucides, index glycémique, charge glycémique et risque de cancer de l’endomètre.
Les données de consommation ont été collectées à l’aide d’un questionnaire alimentaire validé (Diet History Questionnaire) rempli à l’inclusion. Les valeurs de l’index glycémique des aliments ont été obtenues en utilisant des tables internationales publiées (Tables de composition du Département de l’Agriculture des Etats-Unis). La charge glycémique est le produit de l’index glycémique multiplié par la quantité quotidienne moyenne de glucides ingérés.
Le recrutement de femmes âgées de 55 à 75 ans s’est déroulé entre 1993-2001. Parmi les 78 216 volontaires recrutées au départ, les femmes qui avaient subi une hystérectomie (n = 21 974), celles qui n’avaient pas complété le questionnaire (n = 15 714), celles qui avaient des antécédents personnels de cancer de l’endomètre (n=81), ainsi que des valeurs de poids et taille manquantes (n=457) et des apports énergétiques extrêmes (n=457) ont été exclues de l’étude. Au cours du suivi (durée médiane de 9 ans), 386 femmes ont développé un cancer de l’endomètre sur les 36 115 retenues pour l’analyse. Les femmes ont été réparties en 4 groupes définis selon les valeurs des quartiles des variables d’intérêt et les Hazard Ratio (HR, risques relatifs estimés en tenant compte de la durée de suivi) avec leurs intervalles de confiance à 95% (IC 95%) ont été estimés après ajustement sur l’apport calorique, l’âge à l’inclusion, celui aux premières règles, celui à la ménopause, l’IMC, la prise de contraceptifs oraux, l’origine ethnique. Des associations inverses ont été observées entre le risque de cancer de l’endomètre et l’apport total en glucides «disponibles» (glucides totaux hors amidon; HR=0,66
Bien que certains facteurs de confusion aient été pris en compte (hystérectomie) et des ajustements classiques effectués, d’autres limites peuvent être soulignées telles que la sous-estimation possible des consommations alimentaires (données auto-déclarées), une unique mesure de la consommation alimentaire, l’utilisation de divers tables concernant l’index glycémique et la validité de cet indicateur, l’absence d’ajustement sur la prise de thérapies de substitution hormonale. Enfin, il faut noter le nombre très élevé d’exclusion de cette étude. Autre biais méthodologique, les auteurs n’ont pas pu tester l’ajustement pour l’activité physique, dont le niveau de preuve de diminution du risque de cancer de l’endomètre est confirmé, puisque cette information était inconnue pour 55% des femmes.
Les résultats présentés sont en contradiction avec les conclusions du rapport d’octobre 2013 du WCRF selon lesquelles le niveau de preuve concernant la charge glycémique serait devenu probable pour l’augmentationdu risque de cancer de l’endomètre ! La revue systématique réalisée a en effet permis d’identifier 6 études portant sur ce facteur qui montraient une augmentation du risque liée à des charges glycémiques élevées.
Parmi les mécanismes évoqués dans le rapport du WCRF, la consommation à long terme d’aliments à charge glycémique élevée pourrait induire une hyperinsulinémie, qui augmenterait la biodisponibilité du facteur de croissance IGF-1. IGF-1 favorisant directement la croissance des cellules, réduisant la mort cellulaire et stimulant la division cellulaire dans les lignées cellulaires impliquées dans le cancer de l’endomètre. Une alimentation de charge glycémique élevée pourrait également augmenter le stress oxydatif. A ce stade, des études complémentaires sont donc nécessaires pour identifier les potentiels mécanismes sous-jacents à l’origine des résultats observés par Coleman et al.
Source : Dietary Carbohydrate Intake, Glycemic Index, and Glycemic Load and Endometrial Cancer Risk: A Prospective Cohort Study. Coleman H. G. et al. American Journal of Epidemiology (2013).
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