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Consommation de boissons sucrées et diabète de type 2 : le risque serait plus élevé avec les boissons édulcorées dites “light” qu’avec les boissons sucrées dites “normales”

Une consommation élevée de boissons sucrées augmente le risque de diabète de type 2 (T2D). Paradoxalement, une étude de la cohorte E3N révèlerait pour la première fois en France un risque plus élevé avec les boissons dites “light” qui renferment des édulcorants artificiels, qu’avec des boissons sucrées dites “normales”.

 

S’il est établi que la consommation de boissons sucrées est associée à une augmentation du risque d’obésité et de T2D, l’effet des boissons édulcorées dites “light” en particulier est moins bien connu et plus controversé.

La présente analyse a été menée auprès de 66 118 femmes âgées en moyenne de 53 ans à leur inclusion dans la cohorte E3N*, dont 1 369 ont présenté un T2D au cours de la période de suivi (1993–2007). Les cas potentiels de T2D étaient déterminés à la fois par des questionnaires et par les relevés de remboursement des antidiabétiques par la sécurité sociale.

Les participantes devaient noter la fréquence et le volume des types de boissons (jus de fruits 100% pur jus, boissons sucrées ou « light », sirop avec eau…) consommées avant le déjeuner, dans l’après-midi, avant et après le dîner, et également au petit déjeuner pour les jus de fruits 100% pur jus uniquement.

Un quart des femmes suivies consommaient des boissons sucrées. Inversement, la proportion de consommatrices de jus de fruits 100% pur jus était importante (2/3 des participantes, 687mL par semaine en moyenne). Les consommatrices de boissons “light” en buvaient davantage que celles qui consommaient des boissons sucrées (568mL contre 328mL en moyenne par semaine, respectivement).

Après ajustement sur des facteurs potentiellement confondants, notamment l’apport calorique et l’indice de masse corporelle, les femmes qui consommaient le plus de boissons sucrées (>359mL par semaine) ou de boissons “light” (>603mL par semaine soit un peu moins de 2 canettes) présentaient un risque significativement plus élevé de diabète de type 2 (risque relatif de 1,34 et 2,21, respectivement) que les non consommatrices. Une tendance significative semble indiquer un effet dose au sein des différents quartiles de consommation. L’ajustement sur l’IMC réduisait comme prévu le sur-risque sans l’abolir. La consommation de jus de fruits frais n’a pas été trouvée associée au risque de T2D.

Plusieurs limitations sont susceptibles d’atténuer la validité de cette étude. 1) Les enquêtes alimentaires n’ont été réalisées qu’au début de l’enquête si bien que des changements de consommation ont pu intervenir en cours d’étude. 2) Un simple ajustement sur le poids ne prend pas en compte les variations de poids susceptibles d’être intervenues entre le début et la fin de l’observation, alors que ce paramètre est, dans l’étude E3N un facteur majeur du risque de T2D. 3) La cohorte initiale est composée de femmes de plus de 50 ans, ce qui limite l’extrapolation des résultats à la population générale et aux hommes.

Comme pour toute relation associative, un lien de causalité ne peut être affirmé, d’autant moins que les mécanismes qui lieraient consommation d’édulcorants, prise de poids et diabète sont loin d’être clairs.

Des études complémentaires concernant les effets des boissons “light” sont cependant nécessaires pour confirmer, ou non, ces résultats et comprendre les mécanismes impliqués. Cette étude sera surement versée aux dossiers déjà copieux de l’évaluation de la sécurité d’emploi des édulcorants.

Source : Consumption of artificially and sugar-sweetened beverages and incident type 2 diabetes in the Etude Epidemiologique aupres des femmes de la Mutuelle Generale de l’Education Nationale-European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition cohort. Fagherazzi G et al. Am J Clin Nutr. 2013 Mar;97(3):517-23.

*L’étude E3N ou Etude Epidémiologique auprès de femmes de la MGEN (Mutuelle Générale de l’Education Nationale) est une enquête de cohorte prospective portant sur environ 100 000 femmes volontaires françaises nées entre 1925 et 1950 et suivies depuis 1990. Les femmes remplissent et renvoient des auto-questionnaires tous les 2 à 3 ans. Elles sont interrogées sur leur mode de vie (alimentation, prise de traitements hormonaux…) d’une part, et sur l’évolution de leur état de santé d’autre part. Les informations recueillies sont complétées par des données biologiques.

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