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Suivre les recommandations du PNNS : des effets théoriques à la pratique

Suivre les recommandations alimentaires du PNNS permet-il vraiment de réduire le risque d’apparition de certaines maladies métaboliques telles que le diabète de type 2 ? Oui, selon une étude menée auprès des femmes de la cohorte française E3N-EPIC. Reste à trouver comment améliorer l’adhésion à ces recommandations…

Certes, les recommandations alimentaires émises par les autorités de santé, comme les recommandations du PNNS, sont établies dans le but de prévenir les maladies et d’améliorer la santé en se concentrant sur un déterminant majeur : la nutrition. Pour autant, le fait d’appliquer ces recommandations permet-il réellement de diminuer le risque d’apparition de maladies ? Afin de répondre à cette question, des chercheurs ont exploité les données de la cohorte française E3N-EPIC, qui a suivi plus de 70 000 femmes travaillant dans le système éducatif (principalement des enseignantes) depuis 1990, sur une période de près de 20 ans. Plus précisément, l’étude a porté sur une maladie métabolique étroitement liée au surpoids et à une mauvaise alimentation, dont la prévalence ne cesse de s’accroître en France et dans le monde : le diabète de type 2. Les chercheurs ont évalué le risque d’apparition de cette maladie selon le niveau d’adhésion des participantes aux dernières recommandations alimentaires fixées par le PNNS.

Un score pour mesurer l’adhésion aux 12 recommandations du PNNS

A l’inclusion dans l’étude, les consommations alimentaires étaient évaluées à partir d’un questionnaire de fréquence alimentaire. Ces données permettaient de calculer un score d’adhésion aux dernières recommandations du PNNS (2017), le score simplifié PNNS-GS2. Celui-ci intègre les recommandations établies pour 12 groupes alimentaires : 6 groupes dont la consommation est encouragée par le PNNS (fruits et légumes, fruits à coques, légumineuses, produits céréaliers complets, produits laitiers, produits de la pêche) et 6 groupes dont la consommation est à limiter (viande rouge, charcuterie, matières grasses ajoutées, produits sucrés, alcool et sel). Pour chaque groupe, des points positifs ou négatifs sont attribués en fonction du niveau de consommation (ex : 0 point attribué si la consommation de fruits et légumes est inférieure à 3 portions par jour ; 2 points si elle excède 7,5 portions ; – 2 points si la consommation de viande rouge excède 750 g par semaine ; etc.).

En ce qui concerne les cas de diabète de type 2 apparus pendant le suivi, ils ont été identifiés à partir des déclarations des participantes, confirmées par questionnaire et/ou en accédant aux données de remboursement des médicaments antidiabétiques prescrits.

Un risque réduit de survenue de diabète de type 2

Les résultats montrent que le risque d’apparition d’un diabète de type 2 est d’autant plus faible que l’adhésion aux recommandations du PNNS est élevée (et ce après ajustement sur les facteurs de confusion potentiels). Ainsi, les participantes présentant les scores PNNS-GS 2 les plus élevés (quintile 5) affichent un risque de diabète de type 2 diminué de 20 % environ par rapport à celles qui respectent le moins les recommandations (quintile 1). Selon des analyses de médiation recherchant les facteurs intermédiaires, cette relation était principalement influencée par l’indice de masse corporelle (52 % de la relation), et a fortiori par le ratio tour de taille sur tour de hanche (58 % de la relation), qui reflète mieux la répartition corporelle des graisses et l’obésité abdominale que le seul IMC. En d’autres termes, le fait d’adopter une alimentation saine, conforme aux recommandations de santé publique, permettrait de prévenir le diabète de type 2 en diminuant l’adiposité, qui est associée à de nombreuses perturbations métaboliques.

Comment aider la population à adopter les recommandations alimentaires ?

S’il semble que ces résultats confirment l’efficacité des recommandations alimentaires pour prévenir les maladies métaboliques, il demeure qu’elles sont encore loin d’être universellement adoptées. C’est pourquoi les chercheurs encouragent à poursuivre les recherches pour identifier les stratégies de communication efficaces pour augmenter l’adhésion aux recommandations au sein de la population, et s’assurer de leur réelle incidence en pratique.

Mots clés : recommandations alimentaires, score PNNS GS-2, diabète de type 2, adiposité, prévention nutritionnelle.

Source : Seck D, Shah S, Correia E, Marques C, Varraso R, Gaye B, Boutron-Ruault MC, Laouali N. High adherence to the French dietary guidelines decreases type 2 diabetes risk in females through pathways of obesity markers: Evidence from the E3N-EPIC prospective cohort study. Nutrition. 2024 Apr 2;124:112448. doi: 10.1016/j.nut.2024.112448.