Une étude menée auprès d’une soixantaine de petits Américains montre que l’appétence des aliments ne prédit pas toujours les quantités consommées. Quand des relations existent, elles suggèrent que les enfants évitent les aliments qu’ils apprécient peu, plutôt que de manger de grandes quantités des aliments qu’ils aiment beaucoup.
« En l’absence d’un contrôle de la part des adultes, les jeunes enfants mangent ce qu’ils aiment et laissent le reste » : si cette affirmation du spécialiste du comportement alimentaire des enfants Lean L. Birch est souvent reprise dans la littérature, peu d’études ont réellement mesuré et quantifié les relations entre le degré d’appréciation des aliments et les quantités consommées par les enfants. Devant ce constat, des chercheurs de l’université de Penn State ont demandé à 58 enfants âgés de 4 à 6 ans de noter leur appréciation de sept aliments (tomates cerises, nuggets de poulet, ketchup, chips, brocoli, raisin et cookies) et de deux boissons (lait et boisson sucrée aux fruits) ; puis ils ont observé les niveaux de consommation de ces mêmes aliments, servis ad libitum lors de repas pris au laboratoire. Premier constat : l’association entre le degré d’appréciation et les quantités consommées n’était pas toujours observée. Sur les neuf items de l’étude, seul quatre, à savoir les chips, les tomates cerises, le raisin et la boisson aux fruits, montraient des corrélations, mais modestes (coefficients de corrélation compris entre 0,33 et 0,60), et davantage marquées pour les aliments de faible densité énergétique et les aliments les moins appréciés par les enfants (tomates cerises). Des données qui suggèrent que la relation entre appréciation et quantités consommées n’est pas la même selon que l’on considère des aliments fortement ou peu appréciés.
Pour les auteurs, ces résultats pourraient conduire à reformuler l’assertion de L. L. Birch : plutôt que de manger ce qu’ils aiment, les enfants semblent surtout ne pas manger ce qu’ils n’aiment pas. Les interventions visant à augmenter les consommations de certains aliments comme les légumes auraient ainsi intérêt à jouer sur ce levier en améliorant l’appétence de tels produits.
Source : Keller KL, Shehan C, Cravener T, Schlechter H, Hayes JE. Do children really eat what they like? Relationships between liking and intake across laboratory test-meals. Appetite. 2022 May 1;172:105946. doi: 10.1016/j.appet.2022.105946.