Suite à la publication d’un rapport montrant l’existence de preuves scientifiques indéniables concernant les risques engendrés par les perturbateurs endocriniens sur la santé humaine et l’environnement dans l’Union européenne, le Parlement européen vient de voter une résolution pour faire évoluer rapidement la législation communautaire.En novembre 2018, la Commission européenne adoptait une stratégie visant à protéger les citoyens de l’Union européenne (UE) et l’environnement contre les perturbateurs endocriniens (PE). Une stratégie qui se veut fondée sur les données scientifiques existantes et l’application du principe de précaution. En parallèle, deux scientifiques français, Barbara Demeneix du CNRS/MNHN, et Rémy Slama de l’Inserm/Université de Grenoble, œuvraient en ce sens à la demande du Parlement européen.
Les preuves scientifiques existent et font consensus
Leur rapport, diffusé fin mars 2019, semble marquer un tournant dans la prise en compte de ces substances au sein de l’UE, en présentant, d’une part, les preuves scientifiques des effets sur la santé des PE et, d’autre part, une évaluation des réglementations européennes en vigueur.
Pour les auteurs, il existe bel et bien des consensus scientifiques concernant (1) la définition des PE ; (2) leur présence dans l’UE, chez l’Homme et dans son environnement ; (3) le fait que les PE représentent une préoccupation majeure pour la santé des générations actuelles et futures et pour l’environnement ; (4) les limites des approches réglementaires actuelles utilisées pour identifier les seuils jugés sûrs ; et (5) le manque de prise en compte des effets cumulatifs des expositions combinées dans la réglementation.
Une législation européenne à revoir
Côté réglementation, les conclusions du rapport sont tout aussi tranchées : la prise en compte des PE dans l’UE est insuffisante pour permettre de protéger l’environnement et la santé publique. Et ce, notamment en raison de problèmes d’identification de ces substances et de leur gestion hétérogène selon les secteurs.
De fait, le 18 avril, le Parlement européen a voté une résolution demandant à la Commission européenne de remédier d’urgence aux défaillances de la législation communautaire concernant les PE. Le texte, adopté à une très large majorité (447 voix sur 502 votes), estime que les PE devraient être soumis aux mêmes réglementations que les substances CMR (Cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques) et demande « l’intégration dans la législation des effets cumulatifs et ”cocktail” de ces substances chimiques dont la toxicité n’est pas simplement liée au seuil d’exposition ».
Source : Demeneix B, Slama R. Endocrine disruptors : from scientifitic evidence to human health protection. Rapport du Parlement européen ; Mars 2019.