Une étude chez le rat démontre la capacité du microbiote intestinal à transmettre les effets des composants du régime alimentaire dans le processus de cancérogénèse intestinale.
Le risque de cancer colorectal (CCR) est fortement influencé par les habitudes alimentaires (consommation de viandes rouges et transformées augmentant le risque et consommation d’aliments riches en fibres le réduisant). Toutefois, le régime alimentaire module également le microbiote intestinal. Des chercheurs ont ainsi voulu caractériser dans quelle mesure le microbiote intervenait dans les effets du régime alimentaire sur le risque de cancer colorectal.
Une confirmation des effets des régimes dans le processus de cancérogénèse
Dans une première phase de l’expérience, ils ont nourri des rats prédisposés au développement de tumeurs intestinales avec un régime riche en viande rouge/transformée (MBD1) – contenant du bœuf et du jambon –, un régime pesco-végétarien (PVD) – contenant du poisson et des épinards – ou un régime témoin. À l’issue de trois mois d’expérience, les animaux exposés au régime MBD affichaient davantage de lésions intestinales pré-cancéreuses, tandis que les rats ayant consommé le régime PVD présentaient moins de ces lésions et moins de tumeurs.
La démonstration de l’implication du microbiote
Dans une seconde phase investiguant l’implication du microbiote dans les effets des régimes, les chercheurs ont transféré le microbiote fécal des rats nourris avec les différents régimes à des rats dépourvus de microbiote. Résultats ? Les rats recevant les fèces associés au régime PVD développaient moins de lésions précancéreuses que ceux recevant les fèces de rats qui avaient été nourris avec le régime MBD. Autrement dit, le type de microbiote intestinal présent dans les fèces, reflet des différents régimes, suffisait à moduler le processus de cancérogène. De fait, la composition microbienne des fèces se trouvait modifiée à l’issue des différents régimes avec notamment : une diversité-alpha2 plus importante observée dans le microbiote des rats ayant reçu le régime PVD ; des genres bactériens favorisés par le PVD (appartenant aux familles des Lachnospiraceae et Prevotellaceae). Ces modifications allaient de pair avec des concentrations modifiées de certains métabolites retrouvés dans les fèces produits sous le régime PVD (par exemple, augmentation des polyphénols et réduction des acides biliaires non conjugués), qui pourraient expliquer en partie les effets du microbiote sur la cancérogénèse.
Source : De Filippo C, Chioccioli S, Meriggi N et al. Gut microbiota drives colon cancer risk associated with diet: a comparative analysis of meat-based and pesco-vegetarian diets. Microbiome. 2024 Sep 27;12(1):180. doi: 10.1186/s40168-024-01900-2.
1 Complémenté ou non en α-tocophérol dans une stratégie visant à normaliser le risque d’un régime riche en viande/viande transformée
2 Reflète le nombre d’espèces microbiennes différentes présentes dans un échantillon