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Article – Remplacer la viande rouge par des protéines végétales : une stratégie bénéfique pour le cœur ?

Substituer une partie de sa consommation de viande rouge par des légumineuses, des fruits à coque ou du soja réduirait le risque de maladie coronarienne, d’après une vaste étude de cohorte publiée dans le British Medical Journal.

Une forte consommation de viande rouge est communément associée à une augmentation de la survenue de diverses maladies chroniques, notamment cardiovasculaires, ainsi qu’à une augmentation de la mortalité. Cependant, un certain nombre de facteurs pouvant impacter cette association, comme la durée de la consommation de viande rouge, ses modalités de transformation et de contrôle, ainsi que les autres sources d’énergie du régime alimentaire, nécessitent d’être explorés. Ainsi, les habitudes alimentaires de 43 272 hommes suivis pendant plus de 30 ans dans le cadre d’une large étude de cohorte prospective américaine Health professionals follow-up study ont été étudiées.

Les données concernant la fréquence de consommation de viande rouge, transformée ou non, et l’apport qualitatif et quantitatif en aliments sources de protéines végétales notamment, ont été collectées tous les quatre ans, parallèlement aux données cliniques de survenue d’évènements coronariens.

L’excès de viande rouge augmente le risque cardiovasculaire

Les plus gros consommateurs de viande rouge (5ème quintile) avaient un risque d’évènements coronariens augmenté de 28 % par rapport aux plus faibles consommateurs (1er quintile), indépendamment des autres facteurs de risques alimentaires et non alimentaires. L’augmentation du risque était similaire pour les viandes non transformées (18 %) et transformées (19 %). Concernant les décès de cause coronarienne, le risque était augmenté de 38% chez les plus gros consommateurs de viande rouge.

Quelles alternatives à la viande rouge s’avèrent bénéfiques ?

La substitution des consommations de viande rouge (totale, non transformée et transformée), par d’autres aliments sources de protéines (légumineuses, fruits à coque, soja), mais aussi de produits laitiers et de céréales complètes, était associée à une diminution du risque de maladie coronarienne. Ainsi, substituer une portion quotidienne de viande rouge par une portion d’aliments riches en protéines végétales réduisait le risque de maladie coronarienne de 14 %. Le bénéfice de cette substitution était plus important chez les hommes de plus de 65 ans, probablement en lien avec leur risque cardiovasculaire plus élevé. Substituer la viande transformée par des œufs s’avérait également bénéfique. Les produits laitiers étaient associés à une diminution de 10 à 22 % du risque coronarien. En revanche, aucune diminution du risque n’était observée en substituant la viande rouge par du poisson. Le type de poissons et le mode de préparation semblaient toutefois moduler ces observations.

Quels mécanismes ?

Plusieurs hypothèses sont avancées pour étayer le lien entre consommation de viande rouge et risque coronarien. En effet, la consommation de viande rouge induit une augmentation de cholestérol LDL, en lien avec sa teneur en acides gras saturés et en cholestérol. Les composés contenus dans les viandes rouges peuvent également avoir un rôle délétère comme le fer héminique, dont l’excès peut être pro-oxydant ; la L-carnitine, contribuant à la formation de plaques d’athérome ; l’acide sialique, possiblement pro-inflammatoire ; ou encore le sel et les conservateurs tels que les nitrites présents dans les viandes transformées. A l’inverse, les sources végétales permettent d’augmenter les apports en acides gras insaturés, fibres, antioxydants, et polyphénols, contribuant ainsi à réduire le risque cardiovasculaire.

Si cette étude observationnelle ne permet pas de conclure quant au lien de causalité entre consommation de viande rouge et évènements coronariens, ces résultats complètent les études randomisées ayant mis en évidence un impact favorable de la substitution de la viande rouge par des sources de protéines végétales sur les paramètres lipidiques. Ainsi, substituer la viande rouge par des alternatives végétales semble bénéfique sur le risque coronarien, et pourrait également avoir un impact environnemental favorable.

 

Source : Al-Shaar L, Satija A, Wang DD et al. Red meat intake and risk of coronary heart disease among US men: prospective cohort study. BMJ, 2020; m4141