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Viandes de boucherie et transformées, évènements cardiovasculaires et mortalité : des associations faibles mais significatives

Les consommations de viandes de boucherie et de viandes transformées augmentent légèrement le risque de maladies cardiovasculaires et de mort prématurée, selon une étude combinant 6 cohortes américaines.

Aux Etats-Unis, les viandes de boucherie et les viandes transformées1 sont à l’origine de 40 % des apports en protéines, de 42 % de ceux en cholestérol et de 26 % de l’apport énergétique des adultes. Des chercheurs américains ont cherché à connaître l’impact de ces consommations ainsi que celles de volailles et de poissons sur l’incidence des maladies cardiovasculaires (MCV) et sur la mortalité toutes causes confondues.

Six cohortes américaines analysées

Pour cela, ils ont compilé les données de six études de cohortes prospectives américaines (ARIC, CARDIA, CHS, FSH, FOS, MESA)2 fournissant les consommations alimentaires de 29 682 adultes et rapportant 6 963 évènements cardiovasculaires (maladie coronarienne, accident vasculaire cérébral, insuffisance cardiaque, et décès dus aux MCV) et 8 875 décès toutes causes confondues, recensés après 19 années de suivi en moyenne.

Des associations faibles mais significatives

Consommer deux portions supplémentaires par semaine de viandes transformées (+ 40 g/semaine environ), de viandes de boucherie (+ 226 g/semaine) ou de volailles (+ 226 g/semaine) était significativement associé à des risques plus élevés de 7 %, 3 % et 4 % (respectivement) d’évènements cardiovasculaires. De même, la mortalité toutes causes confondues était augmentée de 3 % avec la consommation de ces mêmes quantités de viandes de boucherie et viandes transformées, mais pas avec la volaille ni le poisson.

Les grands consommateurs de viande cumulent les facteurs de risque

Si les augmentations de risque rapportées sont de petite taille, c’est notamment, selon les auteurs, parce qu’il est difficile de faire ressortir une association chez des individus dont les habitudes alimentaires et de vie sont déjà délétères. De fait, les grands consommateurs de viande sont plus souvent fumeurs, grands consommateurs d’alcool, consomment davantage de cholestérol, de calories et ont un IMC plus élevé.

Quelques limites à considérer

Si ces données corroborent globalement les consensus internationaux préconisant de limiter les consommations de viandes de boucherie et de viandes transformées, elles présentent cependant quelques limites : notamment, les modes de préparation ne sont pas pris en compte ; or les cuissons en fritures, très appréciées aux Etats-Unis, fournissent des graisses dont l’impact cardiovasculaire ne peut être négligé ; en outre, les données ne sont pas ajustées sur l’indice de masse corporelle.

Source : Victor W. Zhong, Linda Van Horn, Philip Greenland, Mercedes R. Carnethon, Hongyan Ning, John T. Wilkins, Donald M. Lloyd-Jones, Norrina B. Allen. Associations of Processed Meat, Unprocessed Red Meat, Poultry, or Fish Intake With Incident Cardiovascular Disease and All-Cause Mortality. JAMA Intern Med. Feb 3, 2020.

1 Toutes les viandes conservées par fumaison, séchage, salage, ou ajout de conservateurs, dont les saucisses, jambons, corned-beef, pâtés et conserves de pâtés.

2 ARIC (Atherosclerosis Risk in Communities), CARDIA (Coronary Artery Risk Development in Young Adults), CHS (Cardiovascular Health Study), FHS (Framingham Heart Study), FOS (Framingham Offspring Study), MESA (Multi-Ethnic Study of Atherosclerosis).