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Brève – La défaillance de l’immunité intestinale, à l’origine de l’insulino-résistance

Le régime occidental riche en graisses perturberait un régulateur de l’immunité intestinale, l’immunoglobuline A, avec pour conséquence une dysbiose du microbiote intestinal et des dérégulations métaboliques au niveau systémique. Si l’implication du microbiote intestinal dans les désordres métaboliques associés à l’obésité n’est plus à démontrer, une étude publiée dans Nature Communications vient préciser le rôle crucial d’un chef d’orchestre de l’immunité intestinale, l’immunoglobuline A (IgA), affaiblie en cas de régime riche en graisses. Les chercheurs montrent en effet que des souris recevant pendant 3 mois ce type de régime présentent un nombre réduit de cellules intestinales productrices d’IgA et une moindre quantité d’IgA sécrétée dans le côlon. Or, sur un modèle de souris knock out, l’absence d’IgA (IgA-ko) conduit à une altération du métabolisme du glucose en réponse à un régime riche en graisses, ainsi qu’à des inflammations de bas-grade au niveau de l’intestin grêle, du côlon et du tissu adipeux viscéral (inflammation systémique). De façon concordante, on observe chez les souris IgA-ko une augmentation de la perméabilité intestinale, une endotoxémie et une invasion anormale de la couche de mucus intestinal par le microbiote. En outre, le microbiote de ces animaux présente des spécificités, en particulier une surreprésentation du phylum des Proteobacteria, à même de produire une intolérance au glucose en cas d’inoculation à des souris axéniques (i.e. dépourvues de microbiote). Enfin, des données cliniques viennent corroborer ces résultats, puisque le traitement du diabète de type 2 par la metformine prévient le déclin des IgA chez les patients et que la prise en charge de l’obésité par chirurgie bariatrique les restaure également.
En somme, l’immunoglobuline A jouerait un rôle central dans la régulation du microbiote intestinal ; l’affaiblissement de cette protection immunitaire sous l’effet d’un régime riche en graisses conduirait à un déséquilibre de la flore intestinale et à une inflammation systémique responsable des troubles de la régulation du métabolisme du glucose associés à l’obésité.

Source : Luck H, Khan S, Kim JH, Copeland JK, Revelo XS, Tsai S, Chakraborty M, Cheng K, Tao Chan Y, Nøhr MK, Clemente-Casares X, Perry MC, Ghazarian M, Lei H, Lin YH, Coburn B, Okrainec A, Jackson T, Poutanen S, Gaisano H, Allard JP, Guttman DS, Conner ME, Winer S, Winer DA. Gut-associated IgA(+) immune cells regulate obesity-related insulin resistance. Nat Commun. 2019 Aug 13;10(1):3650.