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Brève – Le tissu adipeux brun, un nouvel acteur dans le processus de rassasiement ?

Une équipe allemande documente, essentiellement chez la souris, un nouveau rôle du tissu adipeux brun (TAB) : activée par la sécrétine (une hormone digestive), la thermogénèse au niveau du TAB serait en partie responsable de l’apparition du rassasiement au cours de la prise alimentaire.C’est une fonctionnalité inconnue du tissu adipeux brun (TAB) que des chercheurs allemands pourraient avoir découvert : il participerait en effet au déclenchement du rassasiement, sous l’effet de la sécrétine, une hormone digestive synthétisée par l’intestin lors de la prise alimentaire. En activant la thermogénèse dans le tissu adipeux brun, la sécrétine accélère le rassasiement.
Pour parvenir à ces conclusions, les chercheurs ont procédé par étapes. Dans un premier temps, ils ont constaté, chez la souris, une expression particulièrement élevée de récepteurs à la sécrétine à la surface des adipocytes bruns. Ils ont alors postulé que la liaison de cette hormone à son récepteur dans le TAB pourrait activer la thermogenèse. Cette hypothèse a ensuite été vérifiée in vitro, puis in vivo chez la souris : l’injection intrapéritonéale de sécrétine augmentait effectivement la production de chaleur chez la souris sauvage, mais pas chez la souris délétée (knock-out) pour UCP1, la protéine découplante responsable de la thermogenèse. L’activation de la thermogénèse au niveau du TAB sous l’effet de la sécrétine a également été mise en évidence chez l’humain. Les auteurs ont ensuite démontré, chez la souris, que la sécrétine inhibait la prise alimentaire, et que cet effet résultait de l’activation de la thermogénèse dans le TAB.

Une élévation thermique perçue par les neurones régulant l’appétit ?
Les chercheurs se sont alors interrogés sur les mécanismes neurobiologiques à l’origine de ces effets biologiques. Leur hypothèse ? La thermogénèse induite par la sécrétine dans le TAB conduirait à une élévation de la température au niveau hypothalamique et à l’activation d’un canal ionique sensible à la température. Celui-ci activerait des neurones anorexigènes et inhiberait des neurones orexigènes dans le noyau arqué, provoquant ainsi la suppression de l’appétit. Ainsi, un nouvel axe intestin-sécrétine-TAB-cerveau pourrait constituer la base physiologique des effets de la thermogenèse au niveau du TAB dans le contrôle du rassasiement.

Source : Li Y et al. Secretin-Activated Brown Fat Mediates Prandial Thermogenesis to Induce Satiation. Cell. 2018 Nov 29. doi.org/10.1016/j.cell.2018.10.016.