Il y a environ trois ans, on découvrait l’existence chez la souris d’une molécule dénommée irisine sécrétée par le muscle squelettique et dont la concentration sanguine augmentait en réponse à l’activité physique. Chez l’homme, l’existence d’une irisine fonctionnelle a été remise en question. Qu’en est-il aujourd’hui ? Une récente étude utilisant une nouvelle technique d’identification et quantification de l’irisine vient d’être publiée à l’appui des premiers résultats.
En 2012, Bruce Spiegelman et son équipe de la Harvard Medical School (Boston, Etats-Unis) décrivaient dans Nature, l’existence d’un nouveau polypeptide, l’irisine, sécrété par le muscle squelettique chez la souris, et dont la concentration sanguine augmentait en réponse à l’activité physique. L’irisine correspondait au domaine extracellulaire d’une protéine transmembranaire appelée FNDC5.
Par la suite, les résultats obtenus chez l’Homme ont été remis en cause en démontrant :
– d’une part, que la version humaine du gène FNDC5 présentait un codon d’initiation de la traduction atypique (ATA à la place de ATG habituellement retrouvé), empêchant la synthèse d’irisine chez l’homme;
– d’autre part, que la mesure des niveaux d’irisine dans le sang était erronée du fait de l’utilisation de dosages ELISA au moyen d’anticorps non spécifiques de l’irisine.
Dans le cadre de la présente étude, l’irisine a été identifiée et quantifiée dans le plasma humain en utilisant la technique de spectrométrie de masse en tandem à l’aide de peptides contrôles enrichis en isotopes stables utilisés en tant que standards internes. Les peptides choisis avaient la particularité d’être spécifiques de la séquence de l’irisine.
Cette étude montre que l’irisine humaine peut être synthétisée à partir d’un codon atypique, circule dans le plasma, et possède une architecture très similaire ou identique à celle de l’irisine de la souris. Enfin, les concentrations plasmatiques en irisine étaient en moyenne de 3,6 ng/mL chez des individus sédentaires et de 4,3 ng/mL chez des individus ayant suivi un exercice physique intensif.
Si la technique de spectrométrie de masse en tandem utilisée dans cette étude est coûteuse et longue à mettre en oeuvre, elle pourrait néanmoins se révéler pertinente dans le cadre de nouvelles études pour valider l’augmentation des taux plasmatiques d’irisine chez l’homme après un exercice physique, en amont de l’exploration de tout “effet-santé” potentiel.
Source : Detection and Quantification of Circulating Human Irisin by Tandem Mass Spectrometry. Jedrychowsky M.P. et al. Cell Metab. 2015 Aug 12. pii: S1550-4131(15)00392-7.
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