En France, l’alimentation protéique des porcs repose essentiellement sur le soja, apporté sous forme de tourteau. Cependant, l’utilisation de soja importé pose des questions de sécurité alimentaire et de développement durable, et la possibilité de remplacer le tourteau de soja par des alternatives protéiques telles que le pois et la féverole ets aujourd’hui envisagée.
Le tourteau de soja est une source de protéines de haute qualité, couramment utilisée dans l’alimentation des porcs. Cependant, l’impact environnemental lié à son approvisionnement et l’incertitude concernant l’évolution des prix à venir de cet oléo-protéagineux importé, engendrent actuellement une réflexion sur la nécessité d’utiliser des sources protéiques alternatives pour l’alimentation porcine. A ce titre, un intérêt grandissant est porté aujourd’hui à deux protéagineux, le pois et la féverole. Introduire la culture de ces légumineuses en rotation permettrait, par ailleurs, une réduction sensible des impacts environnementaux liés à l’absence d’engrais azotés et en particulier, à une moindre consommation d’énergie fossile, et à une diminution à la fois des émissions de gaz à effet de serre et du potentiel acidifiant de la production porcine. Cependant, les éleveurs restent réticents pour des raisons liées à la fois au coût de la matière première et à la présence de facteurs antinutritionnels.
Le but de l’étude était d’évaluer la possibilité d’introduire le pois et la féverole dans l’alimentation des porcs, en remplacement du soja, sans engendrer d’effets néfastes sur les paramètres azotés (digestibilité/rétention), les performances de croissance des animaux (prise alimentaire, gain de poids…) ou la qualité de la carcasse de l’animal.
Deux essais ont été menés pour examiner ces différents paramètres, chez des porcs en croissance (30-55 kg) et en finition (55-95 kg) nourris à partir de pois ou féveroles (régime sans soja) à hauteur de 300 g/kg, par rapport à un régime avec soja (soja = témoin). Par ailleurs, trois variétés de féveroles ont été testées (avec et sans tannins, variété de printemps et d’hiver).
Tous les régimes alimentaires (5 au total) étaient iso-énergétiques et nutritionnellement équilibrés par l’ajout d’acides aminés libres tels que la lysine, la méthionine, la thréonine et le tryptophane.
Le premier essai a évalué la digestibilité et la rétention de l’azote. Concernant ce paramètre, les régimes se sont révélé équivalents en termes de digestibilité apparente, de métabolisme (balance azotée) et de rétention (g d’azote retenus par l’organisme/jour), que ce soit chez les porcs en croissance ou en finition.
Le deuxième essai a évalué les performances de croissance et la qualité des carcasses. Les performances de croissance sont globalement équivalentes pour les 5 régimes, avec cependant un gain de poids quotidien plus faible (p=0,027) avec le régime soja en phase de croissance. Le poids à l’abattage et le poids des carcasses des porcs sous régime soja étaient de même légèrement plus faibles qu’avec les régimes pois et féverolle, sans effet pois vs féverolle ou de la variété de féverolle. Concernant la qualité des carcasses, elle a été identique dans les 5 groupes, avec cependant un % de viande maigre légèrement plus faible avec les régimes soja et pois (62,8%) qu’avec les 3 régimes féverolle (62,8%)
Etant donné l’absence de résultats négatifs en termes de performances de croissance des animaux, de qualité de la carcasse et de paramètres azotés, l’emploi de pois et féveroles semble représenter une alternative protéique intéressante au soja, indépendamment du type de légumineuse, de sa teneur en tanin et de la saison des semailles.
Source : Replacement of soya bean meal with peas and faba beans in growing/finishing pig diets: Effect on performance, carcass composition and nutrient excretion. White et al. Animal Feed Science and Technology. 2015. Article sous presse