A ce jour, la littérature scientifique n’apporte pas suffisamment de preuves pour soutenir un effet chez l’enfant de l’apport en protéines animales, végétales ou totales sur la tension artérielle, la sensibilité à l’insuline ou le bilan lipidique. Un manque d’études de qualité et une incohérence dans les résultats sont pointés du doigt.
Un apport élevé en protéines dans la petite enfance a été associé au développement de l’obésité. Cette consommation en excès pourrait également modifier d’autres facteurs de risque cardiovasculaire, tels que l’hypertension artérielle ou un déséquilibre du bilan lipidique. Dans ce contexte, une revue systématique a récemment fait le point sur les éléments de preuve associant l’apport en protéines chez l’enfant et la santé cardiovasculaire.
Les recherches ont été menées dans les bases de données Medline, Embase, Cochrane Central et PubMed jusqu’en mai 2013 en croisant trois éléments : nouveaux-nés, enfants ou adolescents ; apport en protéines ; effets « Santé » métaboliques ou cardiovasculaires. L’objectif était d’identifier les études d’observation ou d’intervention pour lesquelles les apports en protéines totales, animales et/ou végétales étaient évalués chez des enfants en bonne santé et associés avec un des paramètres suivants : tension artérielle, mesures de la sensibilité à l’insuline, taux de cholestérol ou triglycérides.
De manière globale, les 56 études sélectionnées dans cette revue systématique ne fournissent pas de preuves suffisantes pour soutenir un effet de l’apport en protéines sur la tension artérielle, la sensibilité à l’insuline et les lipides plasmatiques chez les enfants. Bien que cette association ait fait l’objet de nombreux travaux, les données de qualité provenant d’études bien conçues et focalisées sur les effets de l’apport protéique sont rares. D’après le système de notation utilisé par les auteurs pour évaluer la qualité des études incluses (échelle de 0 à 10), seules 15 études étaient considérées comme ayant une qualité relativement élevée (score ? 6). Quant aux quelques résultats issus d’études bien menées, ils se sont avérés pour la plupart incohérents. La plupart des données publiées ne tenaient pas compte des facteurs confondants. Concernant la qualité de l’apport en protéines, seules 4 études distinguaient les protéines végétales et animales mais les résultats n’étaient pas concluants.
D’autres études plus ciblées et robustes d’un point de vue méthodologique sont par conséquent nécessaires pour comprendre les éventuels effets des apports protéiques chez l’enfant sur la santé cardiovasculaire. Les facteurs confondants tels que l’apport énergétique total et le poids corporel devront notamment être pris en compte.
Source : Effects of protein intake on blood pressure, insulin sensitivity and blood lipids in children: a systematic review. Voortman T. et al. British Journal of Nutrition (2015), 113, 383–402.