L’hormone «incrétine glucagon-like peptide-1» ou GLP-1 est un important médiateur de la réponse insulinique postprandiale, dont l’altération précoce constitue l’un des premiers changements constatés dans le cadre du développement d’un diabète de type 2. Un essai clinique randomisé sur patients diabétiques de type 2 a ainsi évalué la pertinence de stimuler la sécrétion de GLP-1 par la consommation de protéines de lactosérum avant un repas pour diminuer la réponse glycémique post-prandiale.
L’ingestion de protéines étant connue pour stimuler la sécrétion de GLP-1, le postulat de départ de cette étude repose sur l’amélioration de la sécrétion de GLP-1 par une pré-charge en protéines de lactosérum qui pourrait engendrer des effets hypoglycémiants bénéfiques en cas de diabète de type 2, en exploitant son activité insulinotrope, mais également stimulante envers les cellules bêta du pancréas.
15 personnes (6 femmes et 9 hommes) âgées de 64,1±1,4 ans en moyenne, atteintes de diabète de type 2 contrôlé et qui ne prenaient pas de médicaments à l’exception de sulfonylurée ou de metformine, ont ainsi participé à une étude randomisée en cross-over. Les volontaires ont consommé, en deux occasions distinctes à 2 semaines d’intervalle au moins, 50 g de concentré de protéines de lactosérum dissous dans 250 ml d’eau ou un placebo (250 ml d’eau), suivi d’un petit-déjeuner standardisé (353 kcal). Le petit déjeuner contenait 3 tranches de pain blanc et de la gelée contenant du sucre, un repas conçu pour produire un pic de glycémie post-prandiale maximal. Pour chaque volontaire, un échantillon de sang était prélevé 30 minutes avant le repas, et la boisson à base de protéines de lactosérum ou le placebo était consommés à après la première prise de sang. D’autres échantillons de sang étaient prélevés au moment de la consommation du petit-déjeuner standardisé (T0) puis à 15, 30, 60, 90, 120, 150 et 180 minutes après l’ingestion pour mesurer les concentrations plasmatiques de glucose, GLP-1 et insuline (aires sous la courbe – AUC).
Les résultats ont montré que les concentrations en glucose étaient réduites de 28% après la pré-charge en lactosérum par rapport au groupe placebo, avec une réduction portant sur les deux phases précoces et tardives. Les concentrations en insuline et en GLP-1 étaient également significativement plus élevées avec une pré-charge en lactosérum. Notamment, la réponse insulinique précoce était doublée après la pré-charge en lactosérum par rapport au groupe placebo.
A la lumière de ces données, la consommation de protéines de lactosérum pourrait donc représenter une nouvelle approche intéressante en terme de stratégie de lutte contre l’hyperglycémie post-prandiale chez le patient diabétique de type 2. La réduction de -28% de la glycémie post-prandiale supporte avantageusement la comparaison avec l’effet connu des insulino-sécréteurs pharmacologiques (glinides, sulfamides hypoglycémiants).
Il serait également pertinent de tester de nouveau l’impact d’une pré-charge en protéines, notamment en protéines de lactosérum, dans le cadre de la consommation par la suite d’un petit-déjeuner à index glycémique bas tel que recommandé aux patients diabétiques en terme de prise en charge hygiéno-diététique.
Le fait que l’enrichissement en protéines soit favorable à long terme pour les sujets porteurs de diabète de type 2, reste bien sûr très discutable, particulièrement en cas de néphropathie, ou avant 65 ans.
Source : Incretin, insulinotropic and glucose-lowering effects of whey protein pre-load in type 2 diabetes: a randomised clinical trial. Daniela Jakubowicz et al. Diabetologia. (2014) 57:1807–1811