La capsaïcine est le composé principal à l’origine de la saveur piquante du piment rouge. Dans le cadre d’une stratégie de réduction de poids induite par un déficit énergétique modéré, l’addition de capsaïcine (CAPS) pourrait-elle contrecarrer l’augmentation physiologique de l’appétit ? Une récente étude apporte des éléments en faveur d’une augmentation de la satiété et une diminution de l’envie de manger liée à l’addition de CAPS au cours d’un repas.
Une étude randomisée en simple-aveugle a été menée auprès de 19 sujets de type Caucasien en bonne santé, âgés de 18 à 50 ans. Les sujets devaient être non fumeurs, sans traitement médicamenteux spécifique, avoir un poids stable durant les 6 derniers mois, un Indice de Masse Corporelle (IMC) compris entre 20 et 30 kg/m2, une activité physique légère ou modérée (1 à 5 heures par semaine max.) et consommer régulièrement des produits épicés (1 à 2 fois par semaine).
Afin d’évaluer l’effet de la capsaïcine (CAPS) sur la prise alimentaire et la satiété de ces différents sujets, des chambres calorimétriques ont été utilisées pour l’étude. En effet, ces dernières permettent d’évaluer avec précision la dépense énergétique et l’utilisation des substrats énergétiques (protéines, lipides, glucides) d’un individu vivant dans des conditions autorisant un contrôle précis de son activité physique et de son alimentation (environnement de 14m2 fermé par un sas par lequel les volontaires reçoivent leurs plateaux alimentaires).
Les volontaires ont ainsi participé à 4 sessions de 36 heures au sein d’une chambre calorimétrique (entrée J1 à 8h00 et sortie J2 20h00). Avant chaque session, l’apport énergétique nécessaire pour que le bilan énergétique de chaque participant soit équilibré était estimé. Les sujets ont ensuite reçu 100% de leurs besoins énergétiques quotidiens dans les conditions “100% Control” et “100% CAPS”, et 75% de leurs besoins énergétiques quotidiens dans les conditions “75% Control” et “75% CAPS”. En conditions CAPS, une dose totale quotidienne de 7,68 mg de capsaïcine (CAPS) répartie sur les trois repas de la journée : petit-déjeuner, déjeuner, diner (3 fois 1,03 g de piment rouge était consommée par les sujets sous différentes formes (boisson, jus de tomates, pâté, pizza)) au cours de J1.
Au cours de J2, les volontaires ont suivi le même protocole hormis qu’il leur a été proposé de la pizza au diner ad libitum afin d’évaluer l’effet de la CAPS sur leur prise alimentaire.
Au cours de chacune des 4 sessions, les sujets ont été invités à remplir un questionnaire concernant leur appétit (satiété, envie de manger, rassasiement), avant et après chaque repas ainsi qu’après chaque réveil.
Les résultats de l’étude ont montré que les sensations de satiété (p<0,05) et de rassasiement (p = 0,01) des participants étaient significativement plus élevées lors de la session 100%CAPS vs 100%Control. De plus, l’envie de manger, la sensation de satiété et de rassasiement des participants ne différaient pas entre la session 75%CAPS vs 100%Control contrairement à la session 75%Control vs 100%Control. Par ailleurs, une tendance de consommation totale plus faible était mise en évidence lors du repas ad libitum au sein de la session 100%CAPS vs 100%Control (p=0,07).
En conclusion, l’ajout de capsaïcine au cours d’un repas semble augmenter les sensations de satiété et de rassasiement et pourrait ainsi prévenir une surconsommation chez des individus non obèses de type Caucasien en déficit énergétique modéré. La capsaïcine semble également prévenir une augmentation de l’appétit due à une réduction de la prise alimentaire. Cependant, cette étude étant menée sur une courte période, elle ne présage pas de l’effet de la capsaïcine à long terme, ni de son effet sur une diminution du poids corporel. Afin de soutenir le potentiel effet anorexigène de la CAPS et son intérêt dans le cadre d’une stratégie anti-obésité, d’autres études devront être menées.
Source: Capsaicin increases sensation of fullness in energy balance, and decreases desire to eat after dinner in negative energy balance. Janssens PL et al. Appetite 2014 Jun;77:44-9. doi: 10.1016/j