Des influences inter-générationnelles pourraient modifier l’association entre l’indice de masse corporelle des parents et le risque cardiovasculaire de leurs enfants. Une récente étude suggère ainsi que des enfants soumis à un environnement obésogène pourraient s’adapter favorablement en termes de risque cardiovasculaire, du moins au niveau du métabolisme des lipides.
Seules quelques études ont évalué le lien entre l’indice de masse corporelle (IMC) des parents et la santé cardiovasculaire de leurs enfants. L’étude de cette association pourrait contribuer à expliquer le paradoxe entre la prévalence croissante de l’obésité et une tendance pourtant à la baisse de la mortalité liée aux maladies cardiovasculaires (MCV).
Une récente étude de cohorte a évalué les associations entre l’IMC de parents et les facteurs de risque de MCV de leurs enfants devenus adultes. Les participants (N=9328) sont issus de la cohorte britannique «1958 British birth cohort». L’IMC des parents était mesuré lorsque leurs enfants étaient âgés de 11 ans. Le tour de taille, l’IMC et plusieurs marqueurs du risque cardiovasculaire étaient mesurés chez les enfants devenus adultes (44-45 ans).
Un IMC parental plus élevé était associé à des niveaux moins favorables des marqueurs de risque cardiovasculaire évalués chez leurs enfants, par exemple une concentration en HDL-cholestérol plasmatique plus basse ou en protéine C réactive (CRP) plus élevée. Bien qu’elles soient atténuées, la plupart de ces associations persistaient après ajustement sur la base de facteurs confondants tels que l’âge des parents à la naissance de leurs enfants, le mode de vie ou le contexte socio-économique des enfants. Cependant, la corrélation disparaissait voire était inversée dans le modèle multivarié ajusté sur l’IMC et le tour de taille des descendants.
D’après les auteurs, la force de l’association entre obésité et risque de diabète ne diminuerait pas chez les jeunes par rapport aux générations précédentes, contrairement aux associations entre l’obésité et la majorité des facteurs de risque cardiovasculaire étudiés. L’association entre IMC et profil lipidique défavorable des enfants serait en effet plus faible chez les enfants de mères présentant un IMC plus élevé. Inversement, l’association positive entre l’IMC et l’hémoglobine glyquée serait plus forte pour les enfants dont un des parents était obèse.
Les associations semblent principalement influencées par le maintien de l’obésité d’une génération à l’autre et seraient probablement moins liées à une mauvaise programmation du développement in utero ou au gain de poids de l’enfance à l’âge adulte. Toutefois, les résultats observés dans le cas particulier de cette cohorte ne sont probablement pas généralisables à des cohortes plus récentes. Il faut notamment noter qu’au sein de la «1958 British birth cohort», les parents présentaient un IMC moyen relativement bas et une faible proportion d’obésité : 5,4% et 7,8% des pères et mères avaient un IMC> 30 kg/m² à l’âge de 40-45 ans contre 25,4% et 23,8% de leurs descendants masculins et féminins au même âge.
La proportion d’obèses et par conséquent le nombre d’enfants nés de parents obèses sont en augmentation constante. Dans ce contexte, les données de cette étude soulignent l’intérêt de mettre en place des actions de prévention au niveau familial pour diminuer la prévalence de l’obésité et réduire le risque cardiovasculaire dans la population générale.
Source : Parental obesity and risk factors for cardiovascular disease among their offspring in mid-life: findings from the 1958 British Birth Cohort Study. Cooper R et al. International Journal of Obesity (2013) 37, 1590–1596.