Certaines régions du cerveau associées aux mécanismes d’addiction seraient activées par des aliments à index glycémique élevé. Un nouvel argument en faveur de la théorie affirmant qu’il est possible d’être dépendant à la nourriture ?
Les aspects qualitatifs de l’alimentation influencent le comportement alimentaire, mais les mécanismes physiologiques de ces effets calories-indépendants restent spéculatifs. Au cours de cet essai randomisé, croisé, en double-aveugle, les auteurs ont examiné les effets de l’index glycémique (IG) sur l’activité du cerveau en période post-prandiale tardive.
Douze hommes en surpoids ou obèses âgés de 18 à 35 ans ont consommé des repas-tests à IG bas ou élevé (milkshakes à la vanille à IG calculé de 37 et 84, respectivement), identiques pour les critères de calories, macronutriments et palatabilité. Les 2 repas-tests étaient séparés par un intervalle de 2 à 8 semaines. La technique de marquage des spins artériels (ASL en anglais), utilisée en IRM fonctionnelle, a permis d’évaluer le débit sanguin cérébral, qui mesure l’activité du cerveau au repos, 4 h après les repas-tests.
Comme attendu, les excursions glycémiques et insulinémiques postprandiales (traduites par les aires sous courbe) sont plus élevées après le repas-test à IG élevé. Cependant, 4h après le repas-test, les volontaires ayant consommé le repas-test à IG élevé ont une glycémie et une insulinémie plus faibles, que ceux ayant consommé le repas-test à faible IG. Ils ont aussi une sensation de faim plus importante, associée à une plus grande activité du cerveau, localisée principalement au niveau du noyau accumbens droit et s’étendant à d’autres domaines du striatum droit et de la zone olfactive.
Par rapport à un repas isocalorique à faible IG, un repas à IG élevé active de manière sélective des régions du cerveau spécifiquement impliquées dans le comportement alimentaire, la récompense, le désir de manger et la dépendance, et ce à un moment (4h après le repas) qui détermine le comportement alimentaire lors du repas suivant. Le niveau d’activité relevé serait similaire à celui observé chez des individus venant de consommer des substances addictives, telles que l’héroïne ou la cocaïne.
Du fait de la taille limitée de l’échantillon de cette étude et du focus exclusif sur une population d’hommes en surpoids ou obèses, des recherches complémentaires sont nécessaires pour valider la théorie d’addiction à l’alimentation et envisager d’utiliser le concept d’index glycémique dans la prise en charge des troubles du comportement alimentaire ou de l’obésité.
Source : Effects of dietary glycemic index on brain regions related to reward and craving in men. Lennerz et al. Am J Clin Nutr. 2013 Sep;98(3):641-7.