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Brève – Quels liens entre l’ingestion d’émulsifiants alimentaires et le diabète de type 2 ?

L’étude de cohorte française Nutrinet-Santé met en évidence des liens significatifs entre la consommation chronique de sept additifs alimentaires de type émulsifiant et un risque accru de diabète de type 2.

L’ingestion chronique d’additifs alimentaires de type émulsifiant présente-t-elle des risques pour la santé humaine ? Si des données expérimentales ont déjà suggéré que les émulsifiants alimentaires pouvaient avoir un effet délétère sur la composition du microbiote, l’inflammation ou encore le métabolisme, une nouvelle étude française a observé plus spécifiquement les potentielles associations entre les apports alimentaires en additifs émulsifiants et la survenue de diabète de type 2 (DT2).

Concrètement, plus de 104 000 participants de la cohorte NutriNet-Santé ont été suivis pendant une durée moyenne de presque 7 ans. Leurs consommations alimentaires ont été évaluées au moyen d’enregistrements alimentaires répétés. Pour déterminer l’exposition chronique aux émulsifiants alimentaires, ces données ont été croisées avec les contenus en additifs des aliments issus de différentes bases. Au cours du suivi, 1 056 cas de diabète de type 2 ont été diagnostiqués.

Sept émulsifiants pointés

Les résultats montrent tout d’abord que les émulsifiants sont ingérés par le biais de la consommation d’aliments très variés sur le plan nutritionnel : dans l’échantillon, 18,5 % sont issus des fruits et légumes ultra-transformés, 14,7 % des gâteaux et biscuits et 10 % des produits laitiers.

Les analyses mettent en évidence que l’ingestion chronique de sept émulsifiants est significativement associée à un risque augmenté de survenue de diabète de type 2 : carraghénanes (E407), gomme de guar (E412), gomme xanthane (E415), phosphate tripotassique (E340), citrate de sodium (E331), gomme arabique (E414), et esters d’acide acétyltartrique de monoglycérides et de diglycérides d’acides gras (E472e). Parmi ces émulsifiants, on peut noter que trois sont consommés par plus de 70 % de l’échantillon (carraghénanes, gomme de guar et gomme xanthane), tandis que les autres affichent des proportions plus faibles d’individus exposés (de 5 % pour le phosphate tripotassique à 48 % pour le citrate de sodium). Quant aux élévations de risques rapportées, elles sont variables selon les molécules. Par exemple, pour les trois émulsifiants les plus répandus dans les régimes :

  • pour les carraghénanes : une hausse d’apport de 100 mg/j1 est associée à une augmentation du risque de DT2 de 3 % ;
  • pour la gomme de guar et la gomme xanthane : on observe autour de + 10 % de risque pour une hausse de 500 mg/j2.

Des implications réglementaires à long terme ?

Si ces résultats venaient à être confirmés par d’autres études épidémiologiques internationales de grande ampleur, ainsi que par des données expérimentales pour mieux comprendre les mécanismes, une réévaluation de la règlementation relative à l’utilisation des additifs dans l’industrie alimentaire pourrait s’avérer nécessaire afin de préserver la santé des consommateurs.

Source : Salame C, Javaux G, Sellem L, et al. Food additive emulsifiers and the risk of type 2 diabetes: analysis of data from the NutriNet-Santé prospective cohort study. Lancet Diabetes Endocrinol. 2024 May;12(5):339-349. doi: 10.1016/S2213-8587(24)00086-X.

1 Pour donner un repère de ce à quoi correspond une telle augmentation, les apports moyens en carraghénanes observés dans l’étude sont de 75 ± 75 mg/j.

2 leur consommation moyenne étant respectivement de 235 ± 245 mg/j (E412) et 165 ± 235 mg/j (E415) dans l’échantillon