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Supplémentation en isoflavones chez des femmes ménopausées et expression génique du tissu adipeux

Les isoflavones correspondent à une sous-famille de flavonoïdes, contenus notamment dans le soja, dont la structure moléculaire est proche du 17?-estradiol. L’industrie des compléments alimentaires utilise les isoflavones pour leur potentiel effet positif sur le tissu adipeux de femmes ménopausées, cependant des discussions concernant leurs mécanismes d’action sont toujours en cours.

 

L’objectif de l’étude était d’évaluer les effets d’une consommation de 2 types de compléments alimentaires à base d’isoflavones, par rapport à un placebo, sur l’expression génique au niveau du tissu adipeux de femmes ménopausées. Une étude randomisée, croisée, en double-aveugle a été mise en place au Pays-Bas, pour évaluer l’effet d’un complément alimentaire faiblement dosé en génistéine (LG) (56% daidzein + daidzin, 16%genistein + genistin, et 28% glycitein + glycitin) et d’un second avec une quantité de génistéine plus importante (HG) (49% daidzein + daidzin, 41% genistein + genistin, et 10% glycitein + glycitin). La quantité totale d’isoflavones délivrés lors de l’étude était d’environ 100 mg par jour pour les deux compléments.

Pendant la phase de recrutement de novembre 2011 à janvier 2012, les 58 participantes ont été invitées à consommer des isoflavones afin de déterminer si les participantes étaient productrices (EP) ou non (NP) de S-equol. Il s’agit d’un métabolite actif de daidzéine produit par les bactéries de l’intestin chez 20 à 30% de la population occidentale et qui affecterait l’expression génique. Les participantes ont été ensuite réparties au hasard entre les 2 sous-études (n = 26 pour LG dont 7 EP ; n = 31 pour HG dont 8 EP). L’étude clinique s’est ensuite déroulée en deux phases de 8 semaines d’intervention, séparée par une phase de 8 semaines de «lavage». Durant chaque phase, plusieurs prélèvements sanguins ont été réalisés ainsi que des biopsies de tissu adipeux sous-cutané, afin de réaliser une extraction ARN et des analyses de puces à ADN.

Les résultats indiquent une régulation négative des gènes impliqués dans le métabolisme énergétique après la supplémentation LG dans les deux phénotypes EP et NP, alors qu’un effet opposé est observé chez le phénotype EP (régulation négative) et NP (régulation positive) après supplémentation HG. L’effet des isoflavones sur le tissu adipeux semble donc influencé par la composition du supplément, ainsi que par le phénotype S-equol. Par ailleurs, des gènes liés à l’inflammation étaient régulés à la hausse chez EP mais à la baisse chez NP, indépendamment du complément. Le poids des volontaires, la taille des adipocytes, les quantités de lipides plasmatiques ainsi que leur profil n’ont quant à eux pas été affectés de manière significative par la supplémentation en isoflavones, peut-être en raison d’une période d’exposition insuffisante. De plus, les prélèvements ont été réalisés au niveau du tissu adipeux sous cutané d’où l’hypothèse d’effets potentiels sur le tissu adipeux viscéral, qui pourrait avoir été modifié sans changement du poids corporel.

A noter que seulement 4,4 à 7% des gènes dont l’expression a été modifiée étaient sensibles aux œstrogènes. Les effets des isoflavones sur l’expression génique sont ainsi probablement régulés par d’autres moyens que l’activation des récepteurs aux oestrogènes dans cette population de femmes ménopausées. Des études plus approfondies sont donc nécessaires avant toute conclusion sur les effets sur la santé de la supplémentation en isoflavones.

Source : Isoflavone supplement composition and equol producer status affect gene expression in adipose tissue: a double-blind, randomized, placebo-controlled crossover trial in postmenopausal women. Vera van der Velpen et al. AJCN. 2014 Nov;100(5):1269-77.

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