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Inverser le rythme alimentaire dérègle l’horloge circadienne et engendre des troubles métaboliques : une étude chez la souris

De nombreuses études d’observation rapportent un risque accru de maladies métaboliques (diabète, syndrome métabolique, obésité) chez les travailleurs de nuit. En cause ? Une dérégulation de l’horloge biologique. En imposant à des souris une alimentation en période de repos (inversion du rythme alimentaire), des chercheurs ont décrypté les mécanismes moléculaires vraisemblablement responsables de perturbations métaboliques.

 

Les travailleurs de nuit qui dorment le jour devraient-il manger la nuit ou le jour pour limiter les perturbations de leur métabolisme et de leur horloge biologique ? L’horloge circadienne centrale, située dans le noyau suprachiasmatique de l’hypothalamus, est à l’origine de l’alternance des périodes d’activité et de repos ; elle synchronise également l’ensemble des horloges circadiennes dites périphériques au niveau des différents organes. Des chercheurs ont imposé à des souris une alimentation pendant la période de repos (c’est-à-dire le jour, chez les souris). Une prise de poids ainsi que des troubles métaboliques (hyperglycémie, intolérance au glucose, hyper-triglycéridémie, etc.), très souvent observés chez les travailleurs de nuit, sont rapidement apparus. Autre constat : l’alimentation imposée en période de repos a entraîné un décalage temporel des horloges circadiennes périphériques (jusqu’à 12 h de décalage), l’expression de gènes clés de ces horloges devenant inopportune et décalée dans le temps sous l’action de l’hypo-insulinémie de la période d’activité. Cette hypo-insulinémie active la glycogène synthase kinase 3?, qui joue un rôle central dans le décalage des horloges périphériques : en effet, cette enzyme entraîne la phosphorylation du récepteur nucléaire RevErb? ; sous forme phosphorylée, celui-ci peut se lier et réprimer l’expression des gènes régulateurs des horloges périphériques. Une autre conséquence de l’hypo-insulinémie en période d’activité générée par le régime inversé est l’activation des facteurs de transcription PPAR? et CREB via l’élévation des concentrations plasmatiques respectivement en acides gras libres et en glucagon. Constatant que l’horloge circadienne centrale ne subissait pas un tel décalage, les chercheurs ont mis en évidence l’absence, dans le noyau suprachiasmatique, des récepteurs impliqués dans les voies de transduction caractérisées au niveau périphérique (récepteur nucléaire PPAR? et récepteur au glucagon). Lors du retour à une alimentation normale distribuée en période d’activité, les modifications métaboliques engendrées ainsi que le décalage des horloges périphériques ont été annulés, signant la réversibilité du phénomène.

Pour les chercheurs, ces résultats pourraient expliquer pourquoi les personnes qui travaillent la nuit tout en continuant à se nourrir le jour, présentent des troubles métaboliques. Leur recommandation : recourir à une alimentation essentiellement nocturne chez ces personnes.

Source : Mukherji A. et al. Shifting eating to the circadian rest phase misaligns the peripheral clocks with the master SCN clock and leads to a metabolic syndrome. Proc Natl Acad Sci U S A. 2015 Dec 1; 112(48):E6691-8.

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