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Effets de rations supplémentées en graines oléagineuses riches en acides gras polyinsaturés à 18 carbones sur la fermentation et la population bactérienne du rumen de vaches laitières

Des suppléments de graines oléagineuses riches en acides gras polyinsaturés à longue chaîne modifieraient la composition des microorganismes du rumen de vaches laitières : moins de protozoaires et une meilleure digestion des fibres ?

 

L’objectif principal de l’étude était de tester l’effet d’une augmentation d’acide linoléïque (C18:2) dans la ration alimentaire de vaches laitières sur le nombre de protozoaires du rumen et les modifications de certaines espèces cellulolytiques de bactéries au niveau de ce même rumen. Les effets de l’acide linolénique (C18:3) et de la combinaison C18:2/C18:3 ont également été testés.

Seize vaches Holstein primipares (premier vêlage) en lactation ont été réparties en 4 groupes recevant ad libitum des rations enrichies on non en graines oléagineuses pendant 21 jours : 1) ration à base d’ensilage de maïs et graines de soja (groupe Contrôle, C), 2) ration enrichie en graines de lin à teneur élevée en acide linoléïque (groupe Linolae, LN) 3) ration enrichie en graines de lin à teneur élevée en acide linolénique (groupe NuLine, NL), 4) ration enrichie avec une combinaison à 50/50 de graines de lin Linolae/NuLine (groupe LN/NL). Au préalable, les animaux avaient été nourris avec le régime contrôle pendant 4 semaines. Chaque ration contenait 6% de concentré (tourteaux de céréales). Des échantillons étaient collectés de digesta ruminaux au moyen de canules à J6, 11, 16 et 21 et de lait au cours de la traite à J13, 15 et 17.

Aucun effet de l’apport en graines de lin n’a été observé sur le pH, sur les  concentrations en azote ammoniacal (N-NH3) et acides gras volatiles totaux au niveau des digesta ruminaux. En revanche, le ratio acétate/propionate était diminué (P<0,05) indiquant une modification de la fermentation ruminale. L’apport en graines de lin diminuait significativement le nombre de protozoaires (groupe C > NL > LN > LN/NL, P<0,05) et augmentait le nombre de bactéries cellulolytiques mais uniquement avec les rations contenant des teneurs élevées en C18:2 (groupe LN vs C, P<0,05). La composition du lait n’était pas modifiée, à l’exception d’une tendance à l’augmentation de la teneur en protéines dans les groupes LN et NL en comparaison au groupe C.

En résumé, l’utilisation de graines de lin dans la ration des vaches laitières était associée à une concentration plus faible en protozoaires et une proportion augmentée de bactéries cellulolytiques dans le rumen. Si les auteurs concluent que l’ajout d’acide linoléïque, et de façon moindre d’acide linolénique, dans les rations de ruminants pourraient contribuer à une meilleure digestion des fibres et une qualité supérieure du lait, il faut cependant souligner que les critères d’évaluation de la qualité du lait utilisés dans cette étude sont restreints aux teneurs en lipides, protéines et lactose, et ne considèrent pas la composition en acides gras du lait (teneurs en C18:2, C18:3, isomères d’acides gras trans…).

Source : Rumen fermentation and microbial population in lactating dairy cows receiving diets containing oilseeds rich in C-18 fatty acids. Ivan M et al. BMJ 2013 Apr;109(7):1211-8.

A noter : Les graines oléagineuses présentent des proportions élevées d’acides gras polyinsaturés à 18 carbones. Plus précisément, les graines de lin contiennent majoritairement des acides gras linolénique (C18:3) et pour certaines variétés, des acides gras linoléïque (C18:2). Les graines oléagineuses peuvent être ajoutées à la ration des animaux pour modifier la composition en acides gras du lait et/ou le métabolisme énergétique des vaches laitières. A ce sujet, les effets négatifs de la présence de certaines espèces de protozoaires ciliés dans le rumen sont bien établis et notamment leur utilisation des protéines alimentaires induisant une moindre disponibilité protéique pour l’animal.

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