Menu Fermer

Deux à trois fois plus de risque de dénutrition en milieu urbain par rapport au milieu rural chez les personnes âgées françaises

Différentes études ont pu démontrer que la dénutrition est une pathologie fréquente chez les personnes âgées résidant en établissements de santé. Cependant, qu’en est-il pour les personnes âgées vivant à domicile ? Quelles différences entre milieu rural ou urbain ? Et quels sont les facteurs de risque identifiés permettant de repérer rapidement les personnes les plus susceptibles d’être dénutries ? Une étude récente a tenté de répondre à ces questions grâce à l’analyse de données collectées dans le cadre de deux cohortes françaises.

 

Pour cette analyse transversale, les données collectées dans le cadre d’études de cohorte menées en milieu urbain (Three-City ou 3C) et en milieu rural (AMI pour Approche Multidisciplinaire Intégrée) ont été étudiées. Dans chacune des cohortes, les données socio-démographiques des participants (âge, sexe, niveau d’éducation, revenus, modes de vie, état physique et mental, médication, etc.) étaient collectées.

Pour déterminer le statut nutritionnel et le risque de dénutrition d’une personne âgée, le Mini Nutritional Assessment ou MNA est reconnu comme un outil de référence. Une version réadaptée de l’outil a ainsi permis d’analyser et comparer les données collectées au sein des 2 cohortes.

En zone rurale, l’âge moyen des 692 sujets étudiés était de 75,5 ans. Les participants étaient principalement des hommes (62,0%), mariés (71,0%), avec un niveau d’éducation faible (49,4% niveau primaire ou moins) et dont la moitié gagnaient entre 750 et 1 500 € par mois.

En zone urbaine, l’âge moyen des 8 691 sujets étudiés était de 74,1 ans. Les participants étaient principalement des femmes (60,3%), mariées (59,9%), avec un niveau d’éducation moyen et dont les revenus étaient plus élevés (59,8% gagnaient plus de 1 500 € par mois).

Parmi les sujets vivant en milieu rural, 7,4% présentaient un mauvais état nutritionnel alors qu’en milieu urbain leur proportion était de 18,5% soit 2 à 3 fois plus élevée. Les auteurs évoquent un IMC globalement plus élevé en milieu rural, ainsi qu’un lien de sociabilité plus fort pouvant expliquer cette différence. Le fait que les sujets inclus dans la cohorte AMI aient tous été agriculteurs, et que certains produisent encore eux-mêmes des aliments, a aussi pu jouer un rôle dans leur meilleur état nutritionnel.

Les facteurs de risque associés à un mauvais état nutritionnel identifiés dans cette étude étaient : le sexe féminin, un niveau d’éducation faible et un faible revenu (significatif seulement en milieu urbain pour ces 3 caractéristiques) mais également l’âge avancé, le fait d’être veuf ou veuve, un faible indice de masse corporelle, un état de démence, une symptomatologie dépressive, une perte d’autonomie et une prise quotidienne de plus de 3 médicaments. Ces résultats semblent en adéquation avec de précédentes études menées auprès de personnes âgées.

Le taux de personnes dénutries à domicile mis en évidence dans cette étude était également en adéquation avec de précédentes études (entre 7 et 17%) (Johansson L, 2009 et Salminen H, 2006) mais sensiblement inférieur à une récente méta-analyse (37%) (Kaiser MJ et al, 2010). Ce résultat peut éventuellement s’expliquer du fait que les personnes inclues dans les cohortes 3C et AMI étaient plus jeunes et avec un IMC plus élevé.

Par ailleurs, le statut nutritionnel de personnes âgées en maintien à domicile semble également influencé par le lieu d’habitation (zone rurale ou urbaine). Ici, la différence est notable mais ce résultat serait à confirmer du fait de la composition des cohortes intégrées dans la présente méta-analyse. En effet, une proportion plus importante de femmes et de personnes veuves étaient inclues dans la cohorte 3C, alors qu’il s’agit de facteurs de risque de dénutrition.

Source : Nutritional Status in Community-Dwelling Elderly in France in Urban and Rural Areas. Marion J. Torres et al. PLoS One. 2014 Aug 18;9(8):e105137

Laisser un commentaire