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Article – Confinement : une période à risque pour les jeunes obèses

Une étude italienne révèle les effets délétères du confinement sur les habitudes de vie et les comportements de santé d’enfants et d’adolescents obèses.

Plusieurs études ont déjà alerté sur le fait que les vacances estivales sont propices à la prise de poids chez les enfants et les adolescents. Le confinement mis en place à la suite de l’épidémie de Covid-19 a-t-il eu le même effet ? Et qu’en est-il plus particulièrement chez les jeunes souffrant d’un problème de poids ? C’est ce qu’une équipe italienne a cherché à savoir auprès de 41 enfants et adolescents (6-17 ans) en surpoids et obèses (indice de masse corporelle (IMC) moyen de 30,2 kg/m², correspondant au 98,2e percentile des courbes d’IMC pour l’âge) confinés chez eux durant plusieurs semaines dans la ville de Vérone (Italie).

Alimentation, sommeil, écrans et activité physique passés à la loupe

Trois semaines après le début du confinement (mars-avril 2020), les parents ont été questionnés par téléphone sur les comportements alimentaires, l’activité physique, le temps d’écran (hors continuité scolaire) et la durée de sommeil de leur enfant. Ces jeunes étant déjà suivis dans le cadre d’une étude longitudinale, les réponses ont pu être comparées à celles obtenues entre mai et juillet 2019.

Un comportement alimentaire déséquilibré

Ainsi, d’après les données rapportées par les parents, les enfants ont augmenté leur nombre de prises alimentaires de 1,15 prise/jour en moyenne durant le confinement, cette augmentation étant plus marquée chez les garçons (+ 1,64) que les filles (+ 0,58). Certains aliments peu recommandés ont connu des hausses importantes pendant cette période, comme les chips, dont la consommation est passée de 0,07 portion/jour à 0,61 portion/jour, et les boissons sucrées, dont la consommation a doublé, passant de 0,40 à 0,90 portion/jour. Autre modification alimentaire notable : la hausse de consommation de viande rouge, qui a presque doublé, passant de 1,8 à 3,46 portions/jour.

Un rythme de vie chamboulé

Quant au rythme de vie des enfants, il a été considérablement perturbé : le temps d’écran quotidien a augmenté de près de 5 heures (en décimal 4,85 h/jour1), le temps de sommeil a gagné 36 minutes (0,65 h/jour), tandis que le temps d’activité physique a diminué de plus de 2 h par semaine (2,30 h/semaine).

Si ces résultats sont à pondérer au regard de la qualité des données (rapportées par les parents et non mesurées, et portant sur un échantillon de 41 enfants seulement), ils sont toutefois très cohérents avec les données d’autres pays, confirmant que le confinement a favorisé le grignotage2 et que la consommation d’aliments « de réconfort » a bondi durant cette période3.

L’étude ne fournit pas non plus d’éléments quant à l’évolution pondérale de ces enfants déjà en surpoids ou obèses; les données d’évolution de l’IMC seront récupérées ultérieurement. Elle alerte cependant sur la difficulté à maintenir des habitudes de vie équilibrées en situation de confinement et recommande la mise en place de mesures préventives auprès des jeunes obèses et de leur famille si la situation devait se reproduire.

Source : Pietrobelli A, Pecoraro L, Ferruzzi A, Heo M, Faith M, Zoller T, Antoniazzi F, Piacentini G, Fearnbach SN, Heymsfield SB. Effects of COVID-19 Lockdown on Lifestyle Behaviors in Children with Obesity Living in Verona, Italy: A Longitudinal Study. Obesity (Silver Spring). 2020 Apr 30:10.1002/oby.22861.

1 Données présentées en unité décimale dans l’article converties ici en unité horaire

2 Confinement : quelles conséquences sur les habitudes alimentaires ? Santé Publique France – 19 mai 2020 https://www.santepubliquefrance.fr/presse/2020/confinement-quelles-consequences-sur-les-habitudes-alimentaires

3 Creswell J. ‘I just need the comfort’: Processed foods make a pandemic comeback. New York:

The New York Times; April 7, 2020.