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Brève – Le propionate, dérégulateur des actions de l’insuline

Le propionate, un acide gras à chaîne courte largement utilisé comme conservateur dans l’alimentation, pourrait être à l’origine de dérégulations du métabolisme, suggèrent des expériences menées chez l’Homme et la souris. Une hyperinsulinémie en administration aigüe et une insulino-résistance sur le long terme sont notamment rapportées.
Les acides gras à chaîne courte (AGCC) produits par le microbiote intestinal sont souvent évoqués pour leurs effets bénéfiques sur la santé. À y regarder de plus près, leurs effets pourraient pourtant se révéler plus nuancés. Déjà en 2016, des travaux publiés dans Nature mettaient en évidence l’implication de l’acétate dans la dérégulation de l’appétit et la prise de poids associée chez des souris (voir Newsletter SFN n°25 – Juillet 2016). Ce sont aujourd’hui les effets métaboliques délétères du propionate, utilisé comme conservateur dans de nombreux produits alimentaires, qui sont pointés du doigt.

Le propionate, perturbateur métabolique
Dans une première série d’expériences chez la souris, des chercheurs ont en effet montré que l’administration orale aigüe de propionate conduisait à une activation du système nerveux sympathique et à la libération d’hormones sécrétées habituellement en période de jeûne, le glucagon et la protéine FABP4 (Fatty acid binding protein 4). Celles-ci stimulaient la glycogénolyse hépatique, induisant une augmentation de la production endogène de glucose. L’hyperglycémie résultante entraînait à son tour une hyperinsulinémie compensatoire. Les chercheurs ont ensuite voulu vérifier si ces effets aigus du propionate étaient retrouvés chez l’Homme. Oui, a démontré leur étude randomisée contrôlée, réalisée chez 14 sujets ayant consommé 1 g de propionate de calcium (conservateur E 282) au cours d’un repas test – cette  dose correspondant à la quantité moyenne ingérée dans un repas contenant des produits transformés.
Enfin, les chercheurs se sont intéressés aux effets chroniques du propionate, en l’ajoutant à l’alimentation de souris. Résultat ? Les souris exposées ont développé une insulino-résistance associée à une prise de poids. Comme pour l’acétate, les effets du propionate tels qu’observés dans cette étude sont à l’opposé des effets bénéfiques des AGCC produits par le microbiote souvent rapportés. Des doses et zones d’action différentes (entérocytes proximaux versus colonocytes distaux) pourraient expliquer ces divergences.

Source : Tirosh A et al. The short-chain fatty acid propionate increases glucagon and FABP4 production, impairing insulin action in mice and humans. Sci Transl Med. 2019 Apr 24;11(489).