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Brève : quand bien se nourrir rime avec plaisir

Quelle que soit sa composante, plaisir alimentaire peut rimer avec nutrition, démontrent des chercheurs français à travers une revue recensant les travaux les plus récents dans le domaine.

La recherche de plaisir constitue un moteur puissant de la prise alimentaire. Au lieu d’être perçu comme un facteur responsable de la sur-consommation impliquée dans l’obésité, le plaisir ne pourrait-il pas au contraire avoir son rôle à jouer dans l’acquisition d’habitudes alimentaires favorables à la santé chez l’enfant? C’est la proposition que fait l’équipe du Centre des Sciences du Goût et de l’Alimentation de Dijon à travers une revue de la littérature parue dans Appetite. En décortiquant les trois dimensions à l’origine du plaisir alimentaire, les auteurs  construisent peu à peu leur argumentaire pour expliquer comment celles-ci sont susceptibles d’intervenir. Ainsi, la dimension sensorielle – c’est-à-dire l’ensemble des sensations organoleptiques procurées par l’aliment – peut être apprise et renforcée chez l’enfant grâce à des présentations répétées, le plaisir augmentant avec la familiarisation. Bien qu’il existe une attirance innée pour des aliments riches en calories, il est ainsi possible de développer peu à peu l’appétence pour les aliments de moindre densité énergétique mais de plus forte densité nutritionnelle. Quant aux aliments denses énergétiquement, une attention accrue sur les sensations qu’ils procurent pourrait augmenter la satiété sensorielle spécifique et limiter ainsi les portions consommées. Le plaisir possède en outre une dimension inter-personnelle, c’est-à-dire qu’il est fortement influencé par les interactions sociales à l’œuvre au cours des prises alimentaires. L’enfant s’imprègne des attitudes des autres convives vis-à-vis des aliments, imite, communique et compare ses sensations. D’où l’importance de moments de partage au cours desquels les aliments bons pour la santé ont toute leur place. Enfin, le plaisir alimentaire, dans sa dimension dite psycho-sociale, résulte aussi des représentations cognitives que nous acquérons sous l’effet de croyances ou encore du marketing, qui créent des attentes positives vis-à-vis de l’aliment. Les techniques de marketing (personnages admirés, noms d’aliments amusants, etc.) utilisées pour la promotion d’aliments sains ont ainsi faits leurs preuves et mériteraient d’être davantage développés*. Dans tous les cas, plaisir et nutrition, dont la mise en opposition génère des effets contre-productifs, peuvent aller de pair, concluent les auteurs.

* : Une étude américaine (Wansink et al., 2012) avait ainsi montré que les « Silly Dilly Green Beans » (haricots verts fous), les « X-Ray Vision Carrots » (carottes à vision rayon X), ou encore les « Power Punch Broccoli » (brocolis super énergiques) étaient deux fois plus consommés par les enfants d’une école primaire new-yorkaise que les même aliments simplement étiquetés « haricots verts », « carottes » ou « brocolis ».

Source : Marty L et al. Learned pleasure from eating: An opportunity to promote healthy eating in children? Appetite. 2017 Sep 8;120:265-274.