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Article – Allergies de la petite enfance : un effet protecteur de la consommation précoce de fromages ?

Les données issues de l’étude de la cohorte européenne PASTURE révèlent que la consommation de fromages dès le plus jeune âge – entre 12 et 18 mois – pourrait réduire le risque de dermatite atopique et d’allergies alimentaires dans les six premières années de l’enfance. Ces résultats sont publiés dans la revue Allergy.L’introduction précoce d’une nourriture diversifiée dans le régime alimentaire des enfants, au cours de leur première année de vie, a été associée à une diminution du risque d’asthme, de dermatite atopique et d’allergie alimentaire jusqu’à 6 ans, ainsi qu’à une moindre sensibilisation aux allergènes alimentaires à 4 ans et demi et 6 ans. Quelques années après ces premières analyses, dans une nouvelle étude, les chercheurs s’intéressent plus spécifiquement à un aliment caractérisé par une forte diversité en micro-organismes : le fromage.

La cohorte européenne PASTURE
Afin d’évaluer l’impact de la consommation de fromages sur les risques d’allergies, les chercheurs se sont penchés sur l’étude de cohorte PASTURE (Protection against Allergy – STUdy in Rural Environnement) qui regroupe 931 enfants issus de zones rurales de cinq pays d’Europe (Autriche, Finlande, France, Allemagne et Suisse), suivis de la naissance à leurs 6 ans. Leur consommation de fromages à 18 mois a été quantifiée en termes de fréquence (nombre d’occasions de consommation par semaine) et de variétés (fromages à pâte pressée, semi-pressée, à pâte molle, fromages bleus, frais et fromages de la ferme). Des régressions logistiques ont ensuite été réalisées pour déterminer si la consommation de fromages à 18 mois était associée au risque de dermatite atopique, d’allergies alimentaires, de rhinite, d’asthme, et de sensibilisation atopique à 6 ans.

Consommation de fromages et allergies : quels liens ?
Sur les 931 enfants, la très grande majorité (92,5 %) consommait du fromage (fréquence comprise entre 1 et 6 fois par semaine pour 53,9 % des enfants) ; 66,2 % recevaient un type de fromage, 23,2 % deux variétés de fromages, et 2,6 % plus de trois fromages différents. Toute consommation de fromage à 18 mois (versus aucune consommation) était associée à un risque réduit de dermatite atopique (OR = 0,51 ; IC95% = [0,29-0,90] ; p = 0,02), et d’allergie alimentaire (OR = 0,32 ; IC95% = [0,15-0,71] ; p = 0,004) à six ans, indépendamment des autres facteurs de risque connus tels que la diversité de l’alimentation, le contact maternel avec les animaux d’élevage lors de la grossesse ou l’atopie parentale. En revanche, aucune relation n’était mise en évidence entre la consommation de fromages et la sensibilisation atopique, la rhinite allergique et l’asthme à six ans. En matière de diversité, l’analyse a révélé une diminution du risque de dermatite atopique (OR = 0,64 ; IC95% = [0,48-0,85] ; p = 0,002), et d’allergies alimentaires (0R = 0,55 ; IC95% = [0,33-0,92] ; p = 0,02) avec l’augmentation de la diversité des fromages consommés.

Quelles hypothèses pour expliquer les associations observées ?
Parmi les hypothèses qui pourraient expliquer un éventuel effet protecteur de la consommation de fromages dès le plus jeune âge sur le développement ultérieur de maladies allergiques, les auteurs citent l’exposition à la diversité microbienne des fromages, en tant que produits fermentés, ainsi que l’effet anti-inflammatoire de certaines souches bactériennes probiotiques et des acides gras à chaîne courte contenus dans les fromages. Ils soulignent que les associations mises en évidence doivent toutefois être considérées avec prudence, dans la mesure où il existe un risque de causalité inversée : en effet, lorsque les enfants ayant développé une allergie avant 12 (allergie alimentaire) ou 18 mois (dermatite) étaient exclus des analyses, les associations précédentes disparaissaient ou étaient fortement atténuées, suggérant que l’apparition précoce d’une allergie aurait pu conduire les parents à limiter la consommation de produits laitiers, dont de fromages, de leur enfant, et non l’inverse.

Source : Nicklaus S. et al. The protective effect of cheese consumption at 18 months on allergic diseases in the first 6 years. Allergy (Wiley), 2018 Sept 19, DOI : 10.1111/all.13650.