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Alimentation et risque de mortalité : le point sur les données épidémiologiques

Une méta-analyse réalise un bilan très large des relations entre la consommation de 12 groupes alimentaires et le risque de mortalité.
Rien de tel qu’une méta-analyse pour asseoir les relations épidémiologiques entre la consommation de certains groupes d’aliments et la santé. Dans le cadre d’une coopération européenne, plusieurs équipes publient dans l’American Journal of Clinical Nutrition une méta-analyse sur les relations entre la consommation de 12 groupes alimentaires et la mortalité toutes causes confondues.
Les bases de données Pubmed, Embase et Google Scholar ont été interrogées sans restriction ni de langue ni de date de publication. Seules les études prospectives, conduites en population générale, mesurant a priori les consommations d’au moins un des 12 groupes alimentaires, ainsi que la mortalité toutes causes au moins 10 ans plus tard, ont été incluses. Sur les 17 579 études screenées, 103 ont finalement été retenues. Avec respectivement 39, 37 et 34 études, le poisson, les légumes et les fruits constituaient les groupes alimentaires les plus étudiés. En revanche, seules 5 des études sélectionnées concernaient les boissons sucrées. Les auteurs ont d’abord comparé les risques de mortalité entre les faibles et les forts consommateurs des 12 groupes alimentaires ; puis des analyses doses-réponses caractérisant les augmentations de risque associées à des incréments de consommation (par exemple, y % d’augmentation de risque pour x g consommés en plus) ont été réalisées. La linéarité des relations a également été testée et les formes de courbes modélisées.
Les consommations de céréales complètes, de légumes, de fruits, de fruits à coque, de légumineuses et de poisson étaient chacune associées à une diminution du risque de mortalité. En revanche, les consommations de viande, de charcuteries, d’œufs et de boissons sucrées étaient associées à des risques accrus. Quant à la consommation de produits céréaliers raffinés, aucune relation n’était mise en évidence. L’analyse des courbes laissait apparaître des consommations « optimales » de légumes (3 portions de 80 g environ), fruits (idem), fruits à coque (15-20 g/j), correspondant aux consommations minimales pour lesquelles la diminution de risque était maximale, sans bénéfice supplémentaire au-delà. Pour les produits céréaliers complets, les légumineuses et le poisson, le risque continuait à diminuer significativement pour les consommations rapportées les plus élevées, soit respectivement de l’ordre de 100, 150 et 200 g/j. À l’inverse, les risques continuaient à augmenter jusqu’aux niveaux de consommation les plus élevés enregistrés pour la viande et la charcuterie (200 g/j dans les deux cas), ainsi que pour les œufs (1 œuf/j) et les boissons sucrées (250 ml/j). Pour les produits laitiers, la modélisation de la relation par intervalle de consommation montrait une diminution du risque pour des consommations de l’ordre de 200 g/j, tandis que les consommations supérieures à 600 g/j était associées à une élévation du risque. Ces données corroborent globalement les recommandations alimentaires émises dans de nombreux pays pour la prévention des maladies non transmissibles, à l’origine de 70 % des décès au niveau mondial.
Les auteurs terminent leur analyse par une appréciation de la qualité des données, nécessaire dans tout travail de méta-analyse. Ils s’appuient pour cela sur le système de notation NutriGrade, qui intègre notamment des critères sur les risques de biais et sur la précision des études individuelles, mais aussi une analyse de l’hétérogénéité entre études et des biais de publications. Ce sont les études sur les produits céréaliers complets qui généraient le plus haut niveau de preuve, suivies par celles sur les fruits à coque, les légumineuses, les produits laitiers, le poisson et la viande rouge et transformée. Malgré le nombre d’études parfois conséquent, la qualité des données était jugée faible pour les produits céréaliers raffinés, les fruits, les légumes et les boissons sucrées ; et très faible pour les œufs.

Source : Schwingshackl L et al. Food groups and risk of all-cause mortality: a systematic review and meta-analysis of prospective studies. Am J Clin Nutr. 2017 Jun;105(6):1462-1473.